Doggy bag ou pas ? Les restaurateurs français sont à la croisée des chemins. Un tiers de la production alimentaire mondiale est perdue chaque année. En restauration traditionnelle, selon l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, le gaspillage alimentaire atteint 230 g par personne et par repas. Il y a quelques années, l'apparition du doggy bag, en provenance directe des États-Unis, n'avait - il faut l'avouer - pas ému les foules. Déjà, on nous expliquait que culturellement, cette pratique était trop compliquée pour des Français écartelés entre le malaise et la honte. Autant emporter sa bouteille de vin entamée pouvait passer, autant repartir avec un sac contenant les reliefs du repas restait très marginal.
Mais la crise est passée par là comme la prise de conscience que le gaspillage alimentaire est une hérésie lorsque la faim fait des victimes. La réduction des déchets relève aussi de l'enjeu environnemental dont les professionnels se soucient.
Aussi, une enquête de la direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (Draaf) Rhône-Alpes tombe à point nommé : 95 % des personnes interrogées s'y déclarent prêtes à utiliser le doggy bag. Côté professionnels, 31 % l'ont déjà proposé à leurs clients ou ont envisagé de le mettre en place, et 32 % hésitent. La Draaf a également déposé le terme de 'gourmet bag' pour rendre le doggy bag plus attractif pour la clientèle. Faut-il opter pour des boîtes plus glamour avec un joli design ? Doivent-elles être réutilisables ou compostables ? Et qui en supporterait le coût ?
Bien sûr, une grosse production répondant à une demande massive ferait baisser les prix. Mais la question reste posée. Et si le client venait avec son récipient comme il prend son cabas pour ne plus utiliser de sacs plastiques ?
Autre interrogation, la question de la sécurité alimentaire. Quelles sont les responsabilités des uns et des autres ? Les bonnes pratiques à mettre en place ? Le doggy-gourmet bag va-t-il décoller ? Affaire à suivre.
Publié par Nadine LEMOINE