Très étrangement, l'apparition d'internet n'a pas suscité de la part du législateur le même souci d'accorder à chacun un droit de rectification ou de réponse à l'occasion d'une quelconque mise en cause. Le résultat ne s'est évidemment pas fait attendre : la Toile est devenue le déversoir de toutes les frustrations, le réceptacle des propos les plus injurieux et des règlements de compte qu'aucun cinéaste n'aurait imaginé dans le scénario le plus glauque.
La profession n'a hélas pas échappé au phénomène et dès les premiers échanges sur le web, les excès en tout genre n'ont cessé de porter tort aux hôteliers et aux restaurateurs trop longtemps restés sans défense. Il est vrai que les héros de la diffamation anonyme n'y sont pas allés de main morte dans le culte systématique du dénigrement sans grand risque de riposte. Il faut s'armer d'une infinie patience, accepter de rémunérer un avocat capable d'intervenir efficacement auprès des responsables du site ou du réseau social pour faire cesser le préjudice, tout cela de préférence dans la langue de Shakespeare, car, comme chacun le sait, les responsables des entreprises concernées ont savamment organisé l'évasion fiscale pour la plus grande prospérité de leurs affaires de destruction numérique.
C'est pourquoi il faut saluer l'initiative de Booking.com, site parmi des centaines d'autres de réservation en ligne : un professionnel mécontent d'un commentaire sur son établissement pourra répondre à l'auteur du message dûment identifié et donc apporter toute explication, si nécessaire, sur le motif de la critique initiale. L'histoire ne dit pas, toutefois, si l'hôtelier doit être polyglotte : un professionnel français dénigré par un internaute chinois ou kazakh aura forcément du mal à déceler l'agression, et encore plus à y répondre…
Publié par L. H.