Bref, il ne sert à rien de se contenter de formules incantatoires, d'imprécations outrées, de stigmatisation systématique. D'autant, vous l'avez compris, que la hausse du taux de TVA annoncée depuis plus d'un an sera effective au 1er janvier prochain, c'est-à-dire dans deux petites semaines traditionnellement consacrées aux fêtes de famille et à la trêve des confiseurs.
Une fois n'est pas coutume, cette mesure fiscale est prévue depuis suffisamment de temps pour que chacun ait pu adapter son modèle économique à la nouvelle donne. Certes, il est de bonne guerre, en cette période de 'ras le bol fiscal' généralisé, de s'offusquer d'un nouvel alourdissement des prélèvements obligatoires dans un pays qui n'en peut plus.
Mais en l'espèce, un sursaut de réalisme s'impose. Et pour cela, rien ne vaut les chiffres, même si le débat manque singulièrement de poésie au moment de Noël. Ainsi, pour les restaurateurs et les hôteliers, la hausse de 7 à 10 % du taux de TVA peut s'analyser en un accroissement de… 42,8 % de la charge fiscale indirecte (et non pas de 3 % comme on peut le lire trop souvent) ! Et l'addition peut paraître plus salée encore pour les hôteliers qui bénéficiaient, jusqu'au 31 décembre 2011, du taux réduit de 5,5 % depuis plusieurs années.
Mais point n'est besoin de se flageller devant une incontournable réalité : l'impact sur l'addition du client deviendra-t-il dissuasif en cas de hausse entièrement répercutée sur le TTC ? Encore un chiffre : sur une addition de 20 € hors taxes, le montant de la TVA s'accroit de 1,4 à 2 €, soit une hausse de 60 centimes. Bien sûr, c'est à chaque professionnel, en fonction de son marché et de la conjoncture de son établissement, de décider de la répartition de la hausse entre l'entreprise et le client.
Bon, on aurait préférer évoquer la magie des sapins recouverts de neige et des yeux des enfants devant la crèche, mais l'un n'empêche pas l'autre. D'autant que cette hausse de TVA s'inscrit dans le droit fil d'une politique économique d'allégement de charges des entreprises (on peut parfois rêver) dont le financement passera inévitablement par une TVA élevée. Certains de nos voisins s'en portent apparemment beaucoup mieux que nous.
Publié par L. H.