Tout
a commencé le 23 janvier dernier. Le Strasbourgeois Muammer Yilmaz relaie sur sa page Facebook '0 SDF à
Strasbourg', le message d'un concitoyen : "Je
tiens un petit restaurant au Neudorf, je peux accueillir, de 15 heures à
18 heures du mercredi au vendredi, durant les grands froids, des SDF pour un
café, un thé, voire même une soupe préparée par mon chef." L'annonce émane du gérant du restaurant le Petit Coucou,
à Strasbourg (Bas-Rhin). Si le message n'atteint pas immédiatement les
concernés, l'avalanche de likes que déclenche la publication pousse
Muammer Yilmaz à rebondir dessus. Dès le lendemain, il lance le
pictogramme '0 SDF à Strasbourg' : "l'idée,
explique-t-il, c'est que chaque restaurateur, commerçant ou particulier
souhaitant ouvrir sa porte aux sans-abris l'imprime et l'affiche, en
précisant ses horaires et les services qu'il peut offrir." Repas, café, accès aux toilettes ou au wifi, rechargement de
téléphone portable... Il n'y a pas de petit geste.
Succès
médiatique
Certains
s'y mettent immédiatement, comme le café associatif Oh my
goodness, à Strasbourg, le Croc & Burger's à Haguenau ou
le California Burger à Schiltigheim.
Muammer Yilmaz estime que sept commerçants participent à l'opération, dont six restaurants. "C'est
dur d'avoir une idée fixe du nombre de restaurateurs qui
participent, car l'idée est que chacun s'approprie le pictogramme
qui est en accès libre." Du côté de la presse en revanche, c'est carton plein : France
Bleu Alsace, Metro Belgique, le site web viral Positivr.fr ou encore
le magazine féminin Biba... Tous consacrent des articles à
cette initiative citoyenne.
Muammer Yilmaz a décidé d'aider les sans-abris en 2014, quand son "tour du monde
en 80 jours sans un centime" - dont
il a tiré un livre - l'amène
à Denver (États-Unis) où, par - 26 °C, il croise une femme SDF qui le bouleverse. "Je me suis mis
à rêver d'un monde sans SDF... Puis je me suis dit : on
va déjà commencer par ta ville !"
Début 2016, il lance la page '0 SDF à Strasbourg' et
se lie d'amitié avec Laurent, un sans-abri qui vit près de chez
lui. Il lui offre d'abord les choses dont il a besoin pour survivre,
puis l'aide à trouver un emploi. S'il y a eu "des
hauts et des bas",
Laurent vient aujourd'hui d'entamer un contrat de travail dans les
cuisines du casino de Ribauvillé, et de prendre un appartement. "Chaque personne peut en aider une autre à
sortir de la rue", conclut Muammer Yilmaz.