“La crise a été brutale. Il faudra du temps pour s’en remettre.” Dix-huit mois au moins, selon Olivier Petit, associé au sein du pôle ‘Tourisme, Culture & Hôtellerie’ du cabinet In Extenso. Cabinet qui vient de publier, avec le groupe STR, une étude quant à l’impact du Covid-19 sur le secteur de l’hôtellerie en France et en Europe. Les résultats font état de chutes “drastiques” de taux d’occupation : - 96% en Hongrie, - 87% en Espagne, - 86% en Italie, - 75% en France… Même scénario pour le RevPAR, en baisse de 61,1 % en Europe le 29 mars dernier.
“Il y a un mois, en Chine, 10 % des hôtels étaient ouverts avec 10 % de taux d’occupation. Aujourd’hui, ce taux est de 35 % avec 87 % de capacité ouverte. C’est la preuve qu’on réenclenche les flux rapidement”, commente Olivier Petit. Les flux, “mais les tarifs, eux, sont à la baisse et il faut six mois pour les rétablir”, nuance-t-il. Si bien que l’étude STR-In Extenso ne mise pas sur une véritable reprise du secteur hôtelier avant 2022. Avec un segment économique qui va repartir “plus vite” que les autres, explique Olivier Petit. Et pour cause : le marché des séminaires et autres événementiels ne va pas redémarrer d’emblée dans les hôtels 4 et 5 étoiles.
L’associé du cabinet In Extenso parle aussi d’une baisse de la dimension “plaisir” dans les voyages programmés en sortie de crise. Si bien que les palaces “risquent de souffrir”, d’autant que “les Américains ne vont pas revenir tout de suite en France”, prévient Olivier Petit. Par méfiance, mais aussi parce que l’on ne sait pas quand le trafic aérien sera totalement rétabli.
Le ‘local’ peut tirer son épingle du jeu
Après les Gilets jaunes, les grèves des transports et désormais le Covid-19, l’hôtellerie de luxe a plus que jamais un genou à terre. Olivier Petit ne voit pas de retour à la normale avant peut-être 2023. “À condition que nous n’ayons pas de deuxième vague du coronavirus, précise-t-il. Car, avec les dispositions mises en place par le Gouvernement, un établissement peut s’en sortir s’il manque deux ou trois mois de trésorerie, mais six mois ou plus, cela devient compliqué.”
La lueur d’espoir ? Elle vient des hôteliers indépendants et franchisés “bien positionnés” géographiquement. C’est-à-dire situés en bord de mer, à la campagne, à la montagne. Car, en cas de crise, le ‘local’ peut tirer son épingle du jeu, en France comme en Europe, les voyageurs privilégiant alors la proximité pour changer d’air. Conséquence : si la sortie de crise a lieu avant l’été, Olivier Petit perçoit une saison estivale qui pourrait être “un bon soutien pour l’hôtellerie française, même en l’absence de la clientèle étrangère”.
Publié par Anne EVEILLARD