Comme pour beaucoup, devoir fermer leur restaurant fut un choc. Mais Cécile Dabadie et Cathie Vallet, propriétaires de L’Aiglon, à Grenoble (Isère) depuis mai 2012, ont surmonté ce premier coup de massue avec énergie. Dès le lundi suivant l’annonce, la nourriture fraîche est partagée avec leurs salariés, le chômage partiel demandé pour les deux employés en CDI et le fonds de solidarité sollicité pour ces deux sœurs, soit 1 500 € à se partager. Pour vivre sans peser sur la trésorerie du restaurant, toutes deux cherchent du travail et acceptent un job de mise en rayon dans un supermarché. Cécile Dabadie travaille même de nuit. Elle enrage d’en arriver là, mais s’y résout.
Elle supporte mal, en revanche, le second coup de massue qu’elle reçoit lorsqu’elle contacte sa banque. La trésorerie ne pouvant pas tenir des mois, Cécile Dabadie souhaite faire de demande de prêt, mais sa conseillère l’en dissuade, arguant des difficultés passées du restaurant. Les deux sœurs remboursent depuis 2014 des annuités étalées sur dix ans. À peine installées, leur chiffre d’affaires s’était effondré à cause des travaux, tout proches, de la nouvelle ligne de tramway d’abord puis d’une piste cyclable... “Mais nous avons épuré notre situation, nous remboursons nos annuités sans problème et nous sommes en progression constante depuis huit ans”, s’insurge Cécile Dabadie. L’Umih 38 qu’elle contacte lui redonne espoir. Elle doit déposer sa demande de prêt sans tarder.
“Si les banques ne nous suivent pas, on meurt”
“Nous ne demandons que 25 000 €, soit 5 % de notre chiffre d’affaires annuel”, précise la restauratrice, bien décidée à faire appel au médiateur de la Banque de France si la banque lui refuse le prêt. Depuis le 14 avril, les deux sœurs se sont lancées dans la vente à emporter. Quitte à gagner peu, elles ont choisi de le faire avec leur outil de travail. Mais l’inquiétude demeure. En une semaine, elles n’ont réalisé que la moitié du chiffre d’affaires d’un jour normal au restaurant. “Cela fait huit ans qu’on travaille, nos clients croient en nous, nos salariés et certains fournisseurs aussi. Mais si les banques ne nous suivent pas, on meurt”, se désespère la jeune femme, également très remontée vis-à-vis des assurances “qui ne prennent pas leurs responsabilités”.
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Publié par Nathalie RUFFIER