A Giverny, village de Claude Monet, la saison s’étend d’avril à octobre. L’an dernier, près de 700 000 visiteurs ont arpenté rues et jardins durant cette période. Le reste de l’année, la bourgade retrouve sa tranquillité et le charme verdoyant qui inspira les impressionnistes. Moins de 500 habitants et des petites rues qui reflètent la douceur normande de l’Eure. L’an dernier, La Musardière, crêperie et hôtel, est rachetée et entièrement rénovée. Près d’un million d’euros de travaux et d’aménagement a été engagé. Son nouveau propriétaire, Franck Auvray, fait aussi le pari d’ouvrir à l’année. Tout comme l’a fait en 2012 Eric Guérin, en créant le Jardin des Plumes, situé à quelques enjambées, établissement étoilé en 2015 et qui est depuis janvier aux mains de David Gallienne. Ce dernier a d’ailleurs participé à la mise en place de la carte de la Musardière, maison désormais cosy, offrant une cuisine ‘bistronomique’ orchestrée par le jeune et talentueux chef Benjamin Revel, et un cadre privilégié. Tous les atouts ont été réunis pour attirer la clientèle locale et parisienne hors saison. Mais 2019 n’est pas une année de tout repos, malgré les bons chiffres du tourisme en France. Les mouvements sociaux des gilets jaunes se répercutent sur l’activité du week-end. En Ile-de-France, les grèves des transports compliquent encore davantage la situation. Et en 2020, l’ouverture de la saison est désormais reportée.
PGE refusé
La Musardière, hôtel de 11 chambres et restaurant de 70 places, plus 65 en terrasse, a été inauguré le 17 avril 2019. « Dès le début, nous savions que nous ne serions pas rentables avant trois ans compte tenu des sommes investies. La banque nous avait suivis dans notre plan prévisionnel, qui même au bout d’un an, serait négatif. Nous sommes encore dans la phase de construction d’une image et d’une clientèle » explique Franck Auvray. Que ce soit en fin d’année comme au 14 mars, l’établissement avait cependant réussi à maintenir la trésorerie avec huit collaborateurs en CDI et deux apprentis. Le couperet du 15 mars tombé, les salariés sont mis au chômage partiel et Franck Auvray fait naturellement appel au Prêt Garanti par l’Etat (PGE). Sauf qu’il ne rentre pas dans les cases. « L’EBE (excédent brut d’exploitation) étant négatif, nous n’avons pas accès au PGE. » Entre stupeur et colère, le chef d’entreprise s’adresse aussi à BPI France. « On se dit qu’on peut tout perdre alors que nous étions dans un projet cohérent et à potentiel. Pourquoi la banque ne pourrait-elle avoir un regard ad hoc ? A qui ce dispositif est-il destiné alors ? » s’insurge Franck Auvray qui cherche des solutions, n’ayant pas, pour l’instant, pu s’adresser au médiateur du crédit, sa banque ne lui ayant toujours pas fourni les documents nécessaires. « Nous avons un contact chez BPI France en particulier via le prêt Rebond proposé par la Région, nous l’avons demandé, mais n’avons toujours aucune réponse (au 8 avril). Je n’arrive même pas à savoir si nous sommes éligibles ou pas ». Franck Auvray constate à son tour un « fossé énorme entre les annonces de l’Etat et la réalité qui se met en place. » L’avenir de l’établissement, pourtant prometteur, s'assombrit chaque jour. Incompréhensible, comme pour beaucoup.
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Publié par Sylvie SOUBES