Des échanges en visio aux vidéos postées sur les réseaux sociaux, en passant par des modules de formation, les gérants de restaurants et d’hôtels redoublent d’imagination pour garder le lien avec leurs équipes au chômage partiel. L’objectif : les motiver et maintenir une dynamique, en prévision d’une sortie de crise. José Dufour, directeur de la brasserie Au Pied de cochon, à Paris (Ier), évoque “une nouvelle façon de manager”. Et celle-ci revêt différents aspects.
1 • Prendre des nouvelles
À l’unanimité, les patrons d’hôtels et de restaurants ont le réflexe d’échanger régulièrement avec leurs salariés au chômage partiel. Très peu le font par mails, jugés trop impersonnels. En revanche, WhatsApp et les visioconférences ont la cote. “Nous avons créé des groupes de discussion”, explique José Dufour. Les chefs de service du Pied de cochon contactent ainsi les membres de leurs équipes respectives pour prendre de leurs nouvelles.
“De mon côté, j’appelle de façon aléatoire certains collaborateurs”, ajoute le directeur de la brasserie parisienne. Une attitude encore plus appréciée au deuxième confinement, perçu par quelques-uns comme “plus difficile” à surmonter que le premier. Solitude, coups de blues et difficultés financières font partie des problématiques évoquées. Ce qui a d’ailleurs incité Cyril Aouizerate, fondateur du concept MOB Hotel, à faire des avances sur salaire dans quelques cas.
2 • Cultiver l’esprit de famille
Même si l’Amiral, un hôtel 3 étoiles qu’elle dirige à Nantes (Loire-Atlantique) est fermé, Nadine Witczak contacte régulièrement ses collègues “pour donner de l’information sur l’évolution du tourisme ou sur [leurs] confrères du centre-ville restés ouverts”. Elle ajoute : “Je conserve le lien avec l’ensemble de l’équipe, car nous avons toujours été une petite famille, comme bon nombre de TPE et PME d’ailleurs. La séparation est toujours triste, elle pose question, il faut donc rassurer et parler de l’avenir.”
3 • Alimenter les réseaux sociaux
Unanimité, une fois de plus, quant aux posts réguliers mis sur Instagram, Facebook, Twitter… pendant la crise sanitaire. Pour montrer quoi ? “Les coulisses des cuisines et les recettes du chef. Ou encore un calendrier de l’Avent, à raison d’une vidéo postée chaque jour par un salarié”, détaille Emmanuelle Le Vaillant, directrice de la Maison Bréguet, un hôtel 5 étoiles à Paris (XIe). Les projets en cours permettent aussi de créer une dynamique. À l’instar d’un post Instagram de mi-décembre qui a révélé le MOB Trotter de MOB Hotel : un van aménagé comme une chambre 3 étoiles, qui sillonnera la France dès l’été 2021.
4 • Programmer des formations
Les périodes de chômage partiel sont l’occasion de proposer des formations aux salariés. Une façon à la fois de les projeter dans une perspective de réouverture et de valoriser leurs compétences. À titre d’exemples, HACCP, marketing, management… sont autant de disciplines qui ont été proposées aux équipes de la Maison Bréguet.
5 • Réfléchir à la sortie de crise
“Dès le premier confinement, j’ai demandé aux équipes : qu’est-ce qu’on fait demain ?” Laurent Branover, directeur général de la collection Les Domaines de Fontenille, concept hôtelier dédié à l’art de vivre qui compte cinq établissements en France et en Espagne, a pris d’emblée le taureau par les cornes. Avec l’aide de la directrice des ‘richesses’ humaines du groupe, il a fait plancher les salariés sur “les expériences Fontenille”. Autrement dit : “Que peut-on proposer de différenciant à nos hôtes ?”
Résultat de sept mois de réflexion : “Nous avons créé les Rituels de Fontenille”, confie Laurent Branover. Il s’agit d’invitations à découvrir un potager avec un jardinier, participer à un assemblage de vins avec un maître de chai, parler cuisine avec un chef… Des attentions en plus, gratuites pour le client, mais qui changent tout lors d’un séjour. Enfin, “Stop à la complainte !”, dit Cyril Aouizerate à ses troupes : “Le réel impose de prendre des décisions fortes, on trouve des solutions, on s’adapte, on avance.” Si bien qu’il met à l’amende le premier qui parle de crise ou de Covid au sein de MOB Hotel : “Ça lui coûte un euro.”
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Publié par Anne EVEILLARD