Au départ, elle se voyait plutôt travailler en cuisine. Lui, il s’imaginait “faire de la gestion” dans un tout autre secteur que celui de l’hôtellerie-restauration. Ketty Convard et Alfred Andriamasy sont aujourd’hui franchisés et propriétaires d’établissements. Une ascension qui les surprend encore. Leur principal point commun : tous deux ont débuté à la réception. “Une fois diplômée du lycée Stanislas de Villers-lès-Nancy [Meurthe-et-Moselle], je voulais travailler en cuisine. Mais, à l’époque, c’était compliqué pour une jeune fille et je n’avais pas de véhicule pour me déplacer. J’ai donc accepté un poste de réceptionniste au Mercure de la place Stanislas, à Nancy”, raconte Ketty Convard. Alfred Andriamasy, pour sa part, était encore en fac – “j’étais en gestion à Bordeaux” - lorsqu’il a répondu à une petite annonce “pour un poste de réceptionniste au Sofitel de Bordeaux-le-Lac. C’était un job d’étudiant. Je faisais des extras, puis, peu à peu, on m’a donné de plus en plus de responsabilités.” Résultat : il y reste près de cinq années. Timing comparable pour Ketty Convard : “J’ai passé six ans à la réception du Mercure. C’était très formateur.”
En dix ans, il est passé d’extra en réception à directeur d’hôtel
Le déclic de leur évolution ? “Une formation de neuf mois au management et entreprise hôtelière”, confie Ketty Convard. Un savoir qui, cumulé à son savoir-faire, la propulse illico au poste d’assistante de direction du Campanile de Nancy. Quant à Alfred Andriamasy, il accepte de diriger la réception du Novotel de Bordeaux. Un choix judicieux et stratégique, car “deux ans après, j’étais pressenti pour gérer l’un des hôtels économiques que le groupe Accor s’apprêtait à ouvrir”. Il se rappelle de ses quatre entretiens pour décrocher cette promotion et de son passage à l’Académie Accor “pour apprendre la gestion d’un hôtel Formule 1”. Ainsi, en dix ans seulement, il est passé d’extra en réception à Bordeaux à directeur d’établissement en région parisienne. Changer de ville, de poste et d’environnement ne lui a pas fait peur. Voyager, bouger, ce natif de Madagascar en a l’habitude. Quant à Ketty Convard, elle non plus n’a pas hésité à quitter Nancy pour apprendre et progresser. En 2009, lorsqu’elle intègre la chaîne d’hôtels Balladins, elle devient successivement assistante de direction d’un établissement de l’enseigne à Beauvais (Oise), directrice d’un Balladins à Agen (Lot-et-Garonne), puis à Troyes (Aube) : “Mes directeurs du Balladins de Beauvais m’avaient préparée.” Une formation interne à laquelle s’est ajouté son expérience personnelle, “ce qui m’a permis de vite trouver mes marques en tant que directrice”. Un rôle qu’elle qualifie de “multi-casquettes” : “On doit tout voir et tout contrôler. Pas plus tard que tout à l’heure, je repeignais la rambarde d’un escalier ! Notre personnalité entre également en jeu dès que l’on dirige un établissement.”
Aujourd’hui, Ketty Convard est à la tête du Balladins de Tours (Indre-et-Loire). Un hôtel où elle est arrivée en 2016, avec la possibilité de racheter cette franchise : “J’avais 35 ans. Je pensais que j’étais trop jeune et que je n’avais pas assez d’argent.” Faux. Elle a suffisamment pour acquérir le fonds de commerce de cet hôtel de 44 chambres : “Le fait d’être franchisée est très rassurant. Et ce d’autant que je connais bien l’enseigne, ses codes, sa culture. Je ne me sens pas seule dans l’aventure !”
“Quand on est jeune, il faut foncer”
À l’aube des années 2000, Alfred Andriamasy dirige l’Etap’Hôtel de Villeneuve-le-Roi (Val-de-Marne) et de Saint-Germain-lès-Corbeil (Essonne), deux établissements qu’il rachète respectivement en 2008 et 2010. “Mon expérience et mon ancienneté chez Accorhotels – j’y suis depuis 1985 - m’ont aidé à convaincre les banques”, explique-t-il. Le cursus qu’il a entrepris sur le tard à l’Essec aussi. Il a créé une holding pour chapeauter ses deux hôtels, désormais estampillés Ibis Budget et mis en gérance, car il se consacre à sa nouvelle activité de consultant. Son avenir ? Il le voit entre la France et l’océan Indien, avec un projet d’hôtel 4 étoiles qu’il souhaite ouvrir à destination des millennials : “Les jeunes sont au pouvoir, les plus âgés doivent se former pour suivre le rythme. Il faut s’accrocher !” “Quand on est jeune, il faut foncer, complète Ketty Convard. Il faut trouver l’établissement dans lequel on se sent bien.” Pour l’heure, elle souhaite se poser, sans se reposer sur ses lauriers. Acquérir un deuxième hôtel ? Elle y pense : “Si je trouve une opportunité, pourquoi pas.”
Publié par Anne EVEILLARD