C'est d'une voix douce et posée, que Catherine Rawanduzi nous explique les raisons de sa nomination chez CBRE. "Il y a clairement une volonté du groupe de réinvestir le marché de l'hôtellerie, dit-elle, Martin Samworth, directeur général EMEA de CBRE et Derek Gammage, directeur général CBRE Hôtels EMEA, ont d'un commun accord voulu relancer le pôle hôtellerie en France où CBRE Hôtels n'était plus vraiment présent." Une nécessité d'autant que CBRE est déjà bien présent sur le secteur hôtelier en Europe, au Royaume-Uni (en Angleterre et en Irlande), en Allemagne avec un pôle qui couvre également l'Autriche et l'Europe Centrale, en Espagne et en Italie.
La relance du pôle hôtelier en France signifie aussi pour CBRE davantage de moyens et la mise en place d'une nouvelle structure plus autonome pour plus d'efficacité. "Nous sommes juridiquement totalement autonomes, même si nous sommes filiale à 100 % de CBRE et hébergés dans les locaux parisiens", explique la directrice en poste depuis le 20 février seulement. "Je suis chargée de mettre en place une équipe en France au sein d'une organisation paneuropéenne, en lien avec les autres bureaux européens, avec trois axes de développement : la transaction, le conseil, et l'expertise."
Une année 2013 prometteuse
La nouvelle directrice qui maîtrise parfaitement le marché, ayant occupé pendant plusieurs années le poste de directeur France au sein de Christie + Co ne s'interdit aucune limite. Si ce n'est, peut-être, les transactions pour des particuliers dont les apports de fonds propres seraient trop minimalistes (de l'ordre de 1 à 2 M€), "car nous n'aurions rien de particulier à leur proposer", dit-elle. Pour le reste, qu'il s'agisse de 'trophy assets', des portefeuilles ou de la vente d'actifs en solos, elle ne s'interdit rien : "Nous répondrons à tous les appels d'offres, dit-elle, même ceux émanant des collectivités territoriales comme les régions qui ont des patrimoines à vendre et qui veulent les transformer en hôtels." Certains dossiers de ce type seraient d'ailleurs déjà en cours de négociation.
Consciente que le marché hôtelier en France est en plein bouleversement avec une année 2012 éclatante marquée par la vente des quatre hôtels emblématiques de Starwood, elle estime que l'année 2013 devrait, sans atteindre ce niveau, être marquée par de nombreuses transactions sur tous les fronts. D'autant que si l'hôtellerie attire toujours les mêmes investisseurs traditionnels (institutionnels, foncières, fonds d'investissements), il faut aussi compter avec bon nombre de nouveaux entrants intéressés par les taux de rentabilité en hôtellerie "qui se situent entre 4 et 6 %, et sur Paris, au mieux, à 5 %", déclare Catherine Rawanduzi.
Une réelle carte à jouer
Bien décidée à prendre sa place sur ce marché corporate hôtelier où la France occupe la deuxième position en Europe, se considérant comme le challenger vis-à-vis d'un Jones Lang Lassalle déjà bien en place, Catherine Rawanduzi estime avoir une réelle carte à jouer sur ce marché qui s'accélère depuis dix ans. Entièrement dévouée à ses objectifs, elle écarte toute confusion avec les investissements malheureux réalisés par CBRE dans Dynamique Hotels, un investissement réalisé par CBRE Investor, "qui n'a rien à voir avec nous", précise-t-elle de façon lapidaire.
Depuis février, l'aventure a déjà bien commencé. Avec seulement une équipe de trois experts (cinq d'ici l'été), le pôle hôtelier possède déjà plusieurs mandats exclusifs, "ce qui nous permet d'engranger des honoraires que nous n'attendions pas si vite", confie-t-elle. Il faudra donc compter avec cette nouvelle actrice qui sous ses apparences de douceur et de féminité saura s'imposer avec fermeté et volontarisme dans le monde très masculin de la transaction immobilière hôtelière.
Publié par X. S.