Tout a commencé le 30 avril dernier. Un message peu aimable sur Facebook "auquel nous avons répondu et émis des réserves sur les reproches avancés", se souvient Céline Crétois, qui exploite avec David Gémarin le restaurant La Rocade, à Giou-de-Mamou. Puis tout s'est accéléré sur Tripadvisor et les Pages Jaunes. Fin août, plus de 400 messages malveillants ont été distillés sur ces trois réseaux sociaux avec, quasiment à chaque fois, un profil créé le jour même et un seul avis. "Les messages reprennent tous les mêmes éléments. En résumé : pas beau, pas bon, pas bien. Le personnel est infect, mal habillé ; la cuisine, c'est du réchauffé. Nous ne sommes pas dans la critique constructive mais dans la volonté de détruire." Il y a eu des fournées d'avis venus du Bengladesh ou de Côte d'Ivoire, de toute évidence monnayés.
Devant ces attaques, Céline Crétois et David Gémarin tentent de riposter, sur tous les tons : explications, excuses, ironie, indignation... "Nous sommes victimes d'une campagne de dénigrement" lancent-ils sur Tripadvisor. L'ennemi invisible réplique : "Nous avons été agressé par la propriétaire qui s'est plaint des remarques sur les réseaux et a insisté pour avoir un avis favorable de notre part. C'est inadmissible !" Céline Crétois signale ces commentaires à Tripadvisor, son adversaire fait de même pour les avis les plus favorables.
Plaintes classées sans suite
"Nous avons déposé une première plainte contre X auprès de la gendarmerie le 7 mai. Elle a été classée sans suite : il faut l'aval du procureur pour faire des réquisitions auprès de Tripadvisor, Facebook et autres. Nous avons déposé une deuxième plainte après un rebond des messages, le 7 juin, avec le même résultat : sans suite." Le couple envoie des courriers aux élus, aux responsables locaux. Mi-juin, il contacte un avocat parisien spécialisé dans les nouvelles technologies. "C'est dur à vivre ; ça prend la tête et c'est déprimant", soupire Céline Crétois.
Il y a eu, malgré tout, un moment de réconfort, après la reprise de l'affaire dans la presse locale, fin juillet. Un groupe de chefs d'entreprise du bassin d'Aurillac a créé une page 'Cantal - Sauvons nos restaurants, partageons nos expériences'. Elle invite les Cantaliens à poster leurs commentaires, leurs photos et à parler de leurs tables. "L'idée, c'est de faire quelque chose à notre niveau, indique l'une des administratrices de la page. Aujourd'hui, ce sont les restaurants. Demain, cela pourrait être les commerces."
Perte de chiffre d'affaires
Mais le mal est fait. Si la clientèle locale n'a pas boudé La Rocade, les touristes étrangers ont été beaucoup plus sensibles à la prose sur Tripadvisor. "Cela s'est ressenti surtout au mois d'août, quand les Cantaliens sont en vacances. Des groupes ont annulé la veille, par exemple", se souvient David Gémarin. Le couple estime le préjudice à 37 000 €. L'établissement, en 3e ou 4e position du classement pour le Cantal sur Tripadvisor, s'est retrouvé dans le milieu du tableau, "invisible pour les touristes étrangers". Les propriétaires, face à la baisse de chiffre d'affaires, se retrouvent à devoir licencier. "On perd deux postes", déplore Céline Crétois.
Toutefois, depuis le 25 août, l'espoir est revenu. La gendarmerie a obtenu le feu vert du procureur pour lancer les réquisitions nécessaires auprès des acteurs internet pour trouver l'origine des messages envoyés.
Publié par Pierre BOYER
vendredi 25 septembre 2015
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dimanche 27 septembre 2015
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