Il fallait oser. Oser transformer un centre de tri postal de 7 000 m2 des années 1970 en hôtel de 59 chambres et suites, bien campé dans le XXIe siècle. Un défi comme les aime le designer Philippe Starck, à qui l’on doit déjà des hôtels emblématiques tels que le Royal Monceau à Paris (VIIIe), le Fasano à Rio de Janeiro (Brésil) ou encore le Clift à San Francisco (États-Unis). Son parti pris pour le Brach : piocher dans l’architecture des années 1930, le modernisme, le Bauhaus, mais aussi le mouvement Dada et l’univers des surréalistes. Le résultat de ce mix : des couleurs chaudes mêlées au cuir, béton, verre, marbre et métal. Du naturel et du brut auxquels s’ajoutent une pléiade d’objets insolites, liés au voyage, à l’art de vivre : des coussins partout, des tapis, un barbecue XXL et un sofa tout aussi démesuré sur la terrasse d’une suite… Autant d’accessoires rendus obligatoires pour affirmer la personnalité d’un hôtel pas comme les autres.
“C’est un lieu insolite qui invite à l’exploration et au voyage”
“Brach n’est pas un hôtel, c’est un lieu de vie et de culture unique.” C’est ainsi que Philippe Starck résume l’esprit de l’établissement. Il parle aussi d’objets et de curiosités distillés un peu partout dans les espaces communs et, bien sûr, dans les chambres. Leur vocation : “Nourrir l’imaginaire.” Sculptures, masques, photos, gravures, peintures, pots, tabourets colorés, créations florales… le mélange est subtil. Philippe Starck qualifie l’effet de “sensuel et rigoureux, minimal et hétéroclite”. “Il règne un romantisme brut et moderniste que réchauffent des influences multiculturelles d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud”, ajoute le designer.
Le Brach est un hôtel d’atmosphères. Celles-ci varient selon les étages, au nombre de huit. Plutôt lounge au premier niveau, où se situent le restaurant et la pâtisserie de Yann Brys. Plutôt cocon dans les chambres lumineuses. Plutôt farniente sur les terrasses des suites, aux deux derniers étages. Plutôt bucolique dans le potager du rooftop. Plutôt dynamiques dans les deux piscines et le club de sport… “C’est un lieu insolite qui invite à l’exploration et au voyage”, reprend Philippe Starck. Enfin, l’hôtel est aussi un lieu de passage, une ouverture sur un quartier, ses habitants. On va au Brach comme on rejoint une ville, un pays, une époque aussi. Avec, par exemple, ce doux décalage d’être en 2018 et de s’immerger dans une salle de sport inspirée des clubs de boxe des années 1930. C’est ça aussi la patte Starck : savoir déconnecter et déstresser le visiteur, sans l’isoler de la vie de la ville.
Publié par Anne EVEILLARD
lundi 29 octobre 2018