Bernadette Chevallier s'est installée dans son nouveau rôle d'hôtelière comme si elle l'avait toujours été. Un métier dont elle connaissait les contraintes pour avoir dirigé pendant sept ans un réseau d'hôtels indépendants. "On m'a transmis la valeur du travail, explique-t-elle, aussi faire 20 heures voire 22 heures dans la journée ne me rebute pas. Ici la clé de voûte, c'est le travail." En revanche, ce qu'elle avait mal appréhendé, c'est la diversité de la fonction. "Dans l'hôtellerie, il faut être polyvalent et avoir le culte du détail." Alors elle apprend. "Le métier d'hôtelier est complexe et demande de plus en plus une maîtrise des principaux logiciels informatiques et une bonne appréhension des chiffres." Bernadette Chevallier aime les chiffres, et son parcours professionnel le prouve.
Tout commence à la sortie de l'Essec. Son diplôme en poche, elle intègre le Club Med d'abord comme simple GO dans les services administratifs des villages, puis dans l'équipe du siège où elle occupera de nombreuses fonctions et participera à la création de la cellule 'pricing'. Elle rejoint Club Aquarius, après son rachat par le Club Med en 1991, comme directrice commerciale, puis directrice du développement. Elle prend enfin la direction des Croisières Club Med et de Forum Voyages également rachetés par Club Med. En 1999, elle intègre Accor où elle reste trois ans. Après un bref passage chez Festival Croisière, elle rejoint en 2005 Exclusive Hotels Collection, qu'elle quittera en 2011 après avoir initié le 'mariage' avec la société d'Alain Ducasse, Châteaux & Hôtels Collection.
À la tête d'une équipe de 60 personnes
L'idée de reprendre un hôtel germe au cours de sa dernière année chez Exclusive Hotels. "Au départ, il s'agissait de prendre un hôtel en gestion pour y héberger des clients, quand la demande était trop forte." Finalement, elle se lance seule dans le projet en 2011, en reprenant en main la destinée de la Maison Champs Élysées (Paris, VIIIe), ex-Sofitel entièrement rénové et décoré par la Maison Martin Margiela après de longs travaux. Elle s'associe d'autres partenaires pour en assurer le financement, "équivalent à 6 M€, qui comprenaient les travaux et le fonds de commerce 'congrès' de l'ex-Sofitel."
Aux commandes de ce boutique-hôtel classé depuis peu 5 étoiles et qui appartient au réseau Design Hotels, Bernadette Chevallier - présidente de la société ODO -, est à l'aise dans ce métier "où il faut mettre les mains dans le cambouis, mais qui me va parce que j'ai l'esprit d'un chef d'entreprise." Elle estime par ailleurs avoir beaucoup appris au cours des sept dernières années. "La période Exclusive Hotels m'a transmis un savoir exceptionnel sur le rôle de la distribution et sur les process à suivre pour ne pas être liée aux OTA. Cela m'a beaucoup servi à la Maison Champs Élysées."
Aujourd'hui à la tête d'une équipe de 60 personnes, elle se plaît à dire qu'elle est polyvalente "sachant aussi bien refaire les plafonds que réparer les fuites ou décider de refaire une chambre dans les 24 heures car dans ce métier, les circuits de décision sont courts" explique-t-elle. Elle s'est constituée une équipe solide, se reposant sur la fidèle Valérie Allichon-Genest, qui l'a suivi à son départ d'Exclusive Hotels et avec qui elle forme un tandem complémentaire, l'une gérant les chiffres et l'administratif, l'autre le relationnel client et la commercialisation.
L'hôtel étant sur les rails - "nous avons un taux d'occupation [TO, NDLR] de 70 % et un prix moyen de 300 €, l'objectif en 2013 étant d'atteindre 79 % de TO et 313 € de prix moyen" -, Bernadette Chevallier voit déjà plus loin et envisage bientôt un deuxième établissement, de préférence sur Paris, "les process seront plus rapides". L'histoire pourrait donc reprendre en 2014, "à cette date je pourrai m'occuper d'autres choses", précise-t-elle.
Publié par X. S.