"À chaque fois que nous avons repris des établissements, il s'agissait
de cession de sociétés", explique Hugues Baalouch, qui vient de faire de prendre la suite
de Christian Fort à la tête des hôtels du Parc et Jules Vernes et du
restaurant Pirates à Chasseneuil-du-Poitou, à l'entrée du parc d'attraction le
Futuroscope. Hugues Baalouch, issu d'une famille d'hôteliers, a commencé sa
carrière dans le sport automobile, mais il a été rattrapé par la passion
familiale. Dès 2006, il reprend avec ses parents le Kervidanou, un hôtel 2
étoiles de 44 chambres à Quimperlé (Finistère). Pour le trentenaire, c'est le
premier hôtel. Pour ses parents, il s'agit du quatrième. Ensemble, ils
développent si bien l'établissement qu'à peine deux ans plus tard, ils sont
approchés par un acheteur. Cette vente leur permet d'acquérir dans la foulée, à
Chinon (Indre-et-Loire), un hôtel de 60 chambres. Ils le rénovent, le passent
sous enseigne All Seasons (aujourd'hui Ibis Style), le développent et le revendent
en 2012 après avoir été démarchés. Ils rachètent ainsi deux établissements. Un
hôtel de 70 chambres, à Saint-Gilles-Croix-de-Vie (Vendée), bientôt revendu
sous enseigne Ibis Style après 2,5 M€ de travaux. L'autre, d'une
quarantaine de chambres à Marennes-Oléron (Charente-Maritime), est transformé
en Ibis Style avec 800 000 € de travaux, et est resté propriété de la
famille Baalouch.
7 M€ de chiffre d'affaires
Parallèlement, Christian Fort, hôtelier depuis trente-sept ans,
approche de la retraite. Le sexagénaire s'est déjà séparé d'un Novotel en juin
2015 et il cherche désormais un repreneur pour son groupe qui comprend : l'hôtel
du Parc (150 chambres), l'hôtel Jules Verne (150 chambres) et le restaurant
Pirates (1 000 places assises, buffet à volonté).
Les deux hôteliers se rencontrent pour la première fois en janvier 2016
grâce à Gilles Derome, directeur de Michel Simond Poitiers. "Compte tenu de l'envergure de cette
cession de sociétés, l'acquéreur ne pouvait être qu'un groupe hôtelier en
croissance externe ou un professionnel aguerri doté d'une capacité financière
conséquente", explique le spécialiste. Pour reprendre le groupe de
Christian Fort, il fallait en effet procéder à une reprise de la holding, une
opération complexe tant sur le plan comptable que juridique. Une opération qui
n'effraie pas la famille Baalouch, également gestionnaire de holding, et qui a
l'expérience des reprises de sociétés.
Le courant passe et les négociations avancent vite. Pour se décider à
reprendre ce groupe de 7 M€ de chiffre d'affaires et environ 50 employés à
temps plein à l'année, la famille Baalouch a d'abord visité les lieux un jour
de fermeture. "Cela permet de confronter les commentaires clients laissés
sur internet aux aspects techniques des établissements, le tout en étant
certain de ne croiser aucun employé, de manière à respecter la discrétion
souhaitée par le vendeur", confie Hugues
Baalouch, qui est également venu passer une nuit incognito, à l'hôtel
Jules Verne à l'occasion d'un événement annuel mobilisant les deux hôtels et le
restaurant le temps d'un week-end. "Sur les trois établissement, seul le
Jules Verne montrait des signes de faiblesse. Cet aspect nous a donné envie de
relever un défi : celui de lui donner un coup de jeune et redynamiser les
ventes", poursuit celui qui ambitionne notamment de faire se côtoyer une
clientèle d'affaires avec les visiteurs du Futuroscope.
"Fort de ses succès précédents, la famille Baalouch n'a pas eu de
difficulté à trouver un financement bancaire. Elle a été soutenue à 25 % par
le Crédit agricole d'Atlantique Vendée, 25 % par le Crédit agricole Touraine-Poitou
et 50 % par la Caisse d'épargne, deux enseignes bancaires qui
soutiennent activement l'économie du tourisme dans la région", précise Gilles Derome, qui a aussi joué le rôle
de courtier en crédit professionnel. Une comptabilité claire, un challenge à
relever et une poignée de main franche entre deux hôteliers aux valeurs
communes. Trois éléments qui ont conduit à une signature définitive en juillet
2016, soit six mois après la première visite.
Publié par Tiphaine BEAUSSERON