Les tensions de recrutement dans l’hôtellerie-restauration sont très fortes. Pour y remédier, “le maître-mot est le bien-être”, assure Julien Deyrat, fondateur et directeur d’Ambassade Cabinet Conseil. “Pour les nouvelles générations, la pénibilité des métiers de l’hôtellerie restauration a un coût. Les jeunes ne veulent plus travailler au même niveau de salaire qu’avant”, ajoute l’expert. Désormais, le cabinet de recrutement refuse les offres d'emplois proposant des conditions salariales trop basses. “On ne trouverait pas de candidats pour des salaires trop bas et/ou des conditions trop compliquées”, estime-t-il.
Mais la seule revalorisation des salaires ne suffit pas. D’autres avantages financiers peuvent être mis en avant par les employeurs, afin de se distinguer sur un marché très concurrentiel. Au menu : des primes d’intéressement, un treizième mois au bout d’un an en poste, un logement gratuit pendant la période d’essai ou à l’année, des véhicules électriques mis à disposition sur le parking de l’établissement, ou encore, dans le cas de structures hôtelières ou de grands groupes, une participation aux bénéfices de l’entreprise.
Un meilleur équilibre entre vies professionnelle et personnelle
Les services en coupures et la privation de week-ends ne font pas non plus bon ménage avec le bien-être des salariés. “Les jeunes sont prêts à travailler certains week-ends, mais pas tous. Ils sont prêts à travailler à midi ou le soir, mais pas les deux chaque jour. La pénibilité des horaires n’est plus acceptée”, poursuit Julien Deyrat. Les employeurs doivent donc revoir leurs plannings, et organiser leurs équipes ou leurs horaires d’ouverture en conséquence.
Un management bienveillant
“On voit de plus en plus d’employeurs proposer des chèques-cadeaux, des chèques culture ou des abonnements sportifs à leurs salariés. Il faut faire entrer de l’humain dans le management. Il faut savoir ce que l’employé veut sur le plan personnel et professionnel, être à l’écoute. Par exemple, un employeur s’arrangera pour accorder un week-end à un salarié qui veut participer à un tournoi de golf important”, remarque-t-il.
L’objectif ? Faire rimer management et bienveillance. Dès l’entretien d’embauche, “le candidat doit être accueilli avec la même considération qu’un client”. Confiance et communication seront également au rendez-vous. “Le contrat de travail doit être signé dès le premier jour de travail, et les heures supplémentaires rémunérées. Pour l’intégration, il faut un tuteur, quelqu’un qui connaisse la maison, qui peut accompagner la nouvelle recrue pendant au moins un mois et répondre à toutes ses questions”, insiste Julien Deyrat. Afin que les salariés s’investissent, un vrai travail équipe doit être instauré. “Pour une meilleure collaboration entre les services, la direction et les salariés, la communication est primordiale. Il faut expliquer le plus possible en termes de chiffres, de charges, pour que les objectifs soient communs. Tout le monde doit se sentir sur le même bateau. Les réunions doivent se faire avec l’ensemble de la brigade, et non plus entre le chef et le second. En cuisine, il faut que tous puissent donner leur avis, même le commis ou le plongeur”, recommande le directeur d’Ambassade Cabinet Conseil.
La formation, une vraie valeur ajoutée
Autre levier de motivation : la formation. “C’est une vraie valeur ajoutée pour les salariés. 70 à 80 % des formations vont porter sur l’hôtellerie-restauration, mais le reste peut concerner internet, des logiciels spécifiques ou des secteurs d’activité complètement différents. Les employeurs ont souvent peur que les salariés qui suivent une formation hors de leur secteur ne les quittent”, constate Julien Deyrat. Pourtant, “ces formations peuvent être très enrichissantes sur le plan personnel”. Et de citer l’exemple d’un chef pâtissier qui voulait se former en ébénisterie. “Son employeur a accepté et le pâtissier, toujours en poste, connaît le bonheur d’avoir été écouté par son employeur”, conclut-il.
Publié par Violaine BRISSART