Dur constat : le tourisme est quasiment absent des débats européens. Et pourtant, "les deux tiers des décisions prises à Bruxelles et à Strasbourg ont des conséquences directes sur la vie de nos entreprises et de nos collaborateurs", a indiqué Roland Héguy, président confédéral de l'Umih, lors de la présentation des quinze recommandations "pour un nouvel élan européen en faveur du tourisme" que le syndicat a établies avec le Groupement national des chaînes (GNC). Après son manifeste lancé pour les municipales, l'Umih interpelle cette fois les futurs députés européens. "En 2013, l'Europe a accueilli 563 millions de visiteurs. C'est plus de la moitié des touristes dans le monde. Il est urgent de mettre en place une véritable gouvernance européenne pour le tourisme. S'il existe une commission permanente 'transport et tourisme', il n'existe pas de direction générale dédiée", regrette le président confédéral de l'Umih qui rappelle que les enjeux sont d'autant plus importants que le nombre de touristes devrait doubler d'ici à 2030. "Il faut aussi recréer l'intergroupe tourisme au Parlement européen qui existait il y a encore cinq ans. Le tourisme doit exister au niveau européen", insiste le dirigeant syndical.
"L'Europe doit assumer son leadership"
Dans ses préconisations, l'Umih souligne la nécessité de "favoriser la compétitivité des professionnels de l'hôtellerie et de la restauration : de nombreuses règles actuelles du commerce mondial sont issues des standards nord-américains. L'Europe doit assumer son leadership et imposer ses propres règles." Un chapitre qui implique que soient prises en comptes les spécificités de l'activité dans les réglementations européennes. Le syndicat pointe du doigt la problématique actuelle : l'Europe produit des lois sans évaluer suffisamment les risques économiques qu'elles impliquent. L'accessibilité en est le meilleur exemple. L'Umih estime aussi que "l'Europe ne doit pas être qu'un simple espace de consommation de services numériques développés ailleurs…" S'organiser, construire une saine concurrence à l'échelon européen sur la Toile est faisable. L'Umih souhaite que les prochains élus soutiennent notamment la candidature "partagée par la communauté des professionnels" de l'extension '.hotel'. "L'Icann [organisme américain qui gère notamment les extensions de noms de domaines sur internet] a engagé un processus d'attribution de nouvelles extensions dont .vin, .champagne et .hotel. Elles constituent l'identité des territoires européens et pourraient être exclusivement opérées par des acteurs mondiaux privés de l'internet", déplore le syndicat de la rue d'Anjou.
D'autres chantiers doivent être défendus par les députés comme "interdire la location pour les courts séjours inférieurs à six nuits" ou "la mise en place d'une norme européenne d'encadrement des sites d'avis en ligne". Dans les préconisations encore : favoriser la mobilité des collaborateurs et des étudiants et de faire du tourisme durable un atout européen. "Il faut cesser de dire que c'est de la faute de l'Europe. Nous devons prendre les choses en main. Tout le monde est concerné, y compris les indépendants. La profession doit impérativement sensibiliser les futurs représentants français au poids économique et social de notre secteur dans l'économie européenne, et donc française." Très juste.
Publié par Sylvie SOUBES