C'est une histoire symbolique des conditions de vie et de débrouille des Berlinois en 2014. Ou comment un entrepreneur parvient à gagner davantage en créant un service de livraison de plats préparés qu'avec son travail de photographe de mode.
Une silhouette longiligne dévale les rues du quartier de Prenzlauer Berg, au nord-est de la ville, en zigzaguant entre les rails du tramway. "Je ne pensais pas que cela irait aussi vite, je suis un peu débordé", lâche, le souffle court, Volker Eichenhofer en descendant du vélo dont il se sert pour livrer ses clients.
Il a lancé son service Volksspeisung (la nourriture du peuple) en février. Du mardi au vendredi, il sert, au domicile ou sur le lieu de travail de ses clients, pour une somme entre 7 et 8 €, un menu plat-dessert simple et léger : Orge perlé au safran, cèpes séchés, fromage suisse de Sbrinz ou Pâtes faites maison, avec figues, bresaola et fines herbes ; Risotto de betteraves à la poire ; Gâteau d'amande à la Majorquine ; Yaourt au Tiramisu…
Expériences
Ses clients : des agences de communication, des labels, des boutiques, mais aussi des particuliers comme "cette dame qui [lui] a confié : 'Aujourd'hui, j'ai dit à mon mari que je lui avais préparé à manger'". Chaque week-end, il expérimente. "Je fais beaucoup d'essais. Et je fais très attention à ce que les plats résistent au transport. Le week-end, je fais des tours avec mon vélo pour voir comment les plats se comportent." Une fois satisfait du résultat, il prend en photo la sélection de la semaine, charge les images sur son site internet. Le client passe commande et le tour est joué.
"Je prépare 20 plats chaque jour. Chacun peut commander jusqu'à ce que les portions soient épuisées. Vers 7 heures, je commence à cuisiner jusqu'à 11 heures et ensuite, je livre mes plats." Particularité : ces derniers sont conçus pour être réchauffés au micro-ondes : "Logistiquement, il était impossible de porter des plats chauds. Et il me semblait important d'avoir conscience de ce que l'on mange. Attendre deux minutes avant de manger, c'est un bon moyen de prendre un peu de distance avec le stress du travail." S'il demeure photographe, Volker Eichenhofer songe déjà à recruter un livreur à vélo.
Publié par Gilles BOUVAIST