Première femme Meilleur ouvrier de France en 2007, la chef étoilée Andrée Rosier travaille à l’organisation d’une bourse pour les apprentis et les jeunes professionnels avec Bernard Vivier, président du comité de Biarritz de la Légion d’honneur. “Je souhaite réunir des fonds auprès des fournisseurs de la restauration, des professionnels engagés dans le métier et soucieux du beau produit pour pouvoir aider des jeunes en formation à se loger ou à se déplacer sur leurs lieux de stage. Beaucoup d’entre eux sont volontaires mais leurs familles n’ont pas toujours les moyens de financer des stages de huit semaines, parfois loin du domicile familial.”
En mobilisant différents partenaires, elle espère pouvoir offrir, dès l’année scolaire 2020-2021, une bourse de 2 000 € à trois ou quatre jeunes en centre de formation. “Un jury sera constitué pour lier cette bourse à une démarche d’excellence.” Un premier exercice limité au Pays basque, qu’Andrée Rosier espère ensuite pouvoir exporter à la région Nouvelle Aquitaine, voire au-delà.
La démarche illustre bien sa préoccupation d’accompagner les jeunes qui entrent dans le métier. “Le plaisir, c’est la base du travail bien fait. Le plaisir du client, c’est aussi le nôtre. C’est navrant de voir trop de jeunes quitter la restauration faute d’y trouver du plaisir.”
La responsabilité de transmettre
Dans sa maison de trente couverts aux allures familiales, elle témoigne de cet esprit de transmission dans une ambiance sereine. “Mon mari ne supporte pas le bruit !”, plaisante-t-elle. Ici, pas de cris ni d’éclats de voix dans la cuisine contigüe à la salle. “Nous avons deux jeunes en cuisine, un garçon et une fille de 20 et 22 ans. Ce sont des jeunes comme ceux-là qu’Il faut encourager. Notre suite, c’est eux. Nous avons la responsabilité de leur transmettre un savoir. C’est déjà un métier aux conditions difficiles, avec le travail le week-end, les horaires coupés... À nous de montrer que les contraintes sont là, mais qu’on peut aussi s’épanouir, réaliser un beau parcours, changer de maison tous les deux ans, partir à l’étranger, devenir chef ou monter son affaire. À condition de se former, il y a un bel avenir pour ceux qui sont motivés.”
Andrée Rosier et son mari, Stéphane, incarnent cette réussite harmonieuse. Parents de deux enfants âgés de 5 et 4 ans, ils se sont organisés pour être interchangeables en cuisine. “Quand l’un de nous est au restaurant, l’autre est avec les enfants. C’est la règle que nous essayons de tenir. Pas question de ne pas passer du temps avec eux !”
Et pourtant Andrée Rosier est sollicitée. En 2019, elle a servi plusieurs repas aux ambassadeurs et chefs d’État ans le cadre des réunions préparatoires au G7, puis au moment du sommet lui-même. Elle fait aussi quelques allers-retours avec Tokyo, où le Bistrot Les Rosiers sert depuis 2013 des spécialités basques. “J’aime travailler avec les Japonais. Ils sont rigoureux et carrés. Ici, en trois semaines ma recette évolue. Pas chez eux !”, s’amuse Andrée Rosier, qui apprécie cette clientèle de gourmets et de gens curieux de ce qu’ils ne connaissent pas.
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Publié par Cyrille PITOIS