Fin 2023, les jours de l’hôtel-restaurant La Bellevue, à Bessines-sur-Gartempe (Haute-Vienne), semblent comptés. L’établissement, repris par Laurent Berger en mai 2022, accueille sept à dix clients à l’heure du déjeuner. Seules deux chambres (sur les douze que compte l’adresse) sont réservées par nuit. “J’avais modernisé l’établissement après la reprise, mais cela n’a pas suffi. Face aux mauvais résultats, mon comptable m’a dit de me mettre en liquidation judiciaire”, raconte le professionnel. Mais plutôt que de suivre son conseil, Laurent Berger préfère se “remettre en question et aller au charbon” : “Le menu était à 17 € à midi. Comme on a un vivier d’ouvriers dans notre secteur, et qu’ils ont 11 à 12 € par jour pour déjeuner, j’ai décidé de m’adapter.”
Négociations et porte-à-porte
En février 2024, le restaurateur lance sa formule anti-crise à 10 € avec entrée-plat-dessert, café et verre de vin compris. Il entame des négociations serrées auprès de ses fournisseurs. “Je leur ai demandé de jouer le jeu et de me laisser une chance. Depuis que je fais des volumes, c’est encore plus facile de négocier. Je choisis aussi des produits avec une DLC courte, pour limiter le coût matière du menu anti-crise à 4 €”, précise-t-il.
En parallèle, Laurent Berger entame la promotion de son offre en faisant du porte-à-porte auprès des entreprises avoisinantes et en distribuant des flyers. Il installe même une banderole de 1,80 m sur sa façade. Ses efforts attirent l’attention de l’antenne régionale de France 3, et finissent par payer au bout de trois mois. “Au restaurant, on a 60 à 70 clients par jour, on refuse même parfois du monde. La clientèle d’ouvriers a fait un effet de levier. Le menu anti-crise représente 40 % des ventes. Le reste se divise entre la formule buffet à volonté à 16,90 €, la carte (avec de la souris d’agneau confite, des ris de veau…), ou encore la formule couscous le vendredi, à 10 € également”, détaille-t-il. Le succès du restaurant a déteint sur l’hôtel, qui affiche “presque complet tout le temps”.
Avec un “bilan 2024 au vert”, Laurent Berger compte même ouvrir un second restaurant.
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Publié par Violaine BRISSART