Derrière et
devant le comptoir depuis l'ouverture du Bel Ordinaire, il y a un mois, le journaliste gastronomique Sébastien
Demorand est aux anges. "C'était depuis longtemps dans un coin de ma
tête. J'aime ça et je me disais, je vais peut-être le faire." Avec Cyril Rossetto (entrepreneur dans le numérique pendant vingt ans), ils ont créé l'épicerie-cave-table dont ils rêvaient. Une affaire rendue possible
grâce à un apport financier insolite : "On est associé avec le concours
majeur d'une centaine d'actionnaires amis", explique Sébastien Demorand. En
un an, ils sont ainsi parvenus à lever 550 000 € (avec un montant unique de 5 000 €
par actionnaire). "Chez nous, c'est un petit bout de chez eux"
ajoute-t-il.
"On fait
ça très sérieusement et très humblement"
Après vingt ans de
journalisme, le restaurateur se plaît à écrire la partition gastronomique du lieu : 300 produits disponibles à la vente et des
assiettes qui recouvrent midi et soir l'unique table de 9,50 mètres. Lui et le chef
Nicolas Fabre qui a notamment travaillé chez Semilla (Paris, VIe) avec Eric Trochon élaborent "une cuisine du placard ! La règle est de faire goûter les produits et
d'inciter les clients à s'approprier les recettes. On est imaginatif, pas
créatif, c'est une cuisine de débrouille". Œufs durs mayo, Kari Gosse
Espelette ; Crème d'avocat, rhubarbe confite, anchois 00 ; Risotto safrané,
ragoût d'andouillette tomaté ; Churros, chantilly et caramel, la carte est
composée d'une vingtaine d'assiettes entre 2 et 12 €.
De la place pour
plusieurs Bel Ordinaire
"Plus il y
a de boutiques comme ça, mieux on se porte", explique l'ancien juré de
MasterChef qui ne négocie pas auprès de ses fournisseurs. "On choisit nos
produits avec soin. Vinaigre, pois cassés, pâtes, salaisons, c'est un coup de
zoom sur un artisan et ça peut être un soutien." Installés dans cette
aventure durable, les deux associés envisagent d'ouvrir trois ou quatre boutiques entre
Paris et la province.
Après un mois d'activité, les clients entrent surtout pour
prendre place à table (90 couverts par jour). Sébastien Demorand sait qu'il va
falloir un peu plus de temps pour que les clients perçoivent l'aspect épicerie et
vente du lieu. "On se pose encore des questions sur le mode d'emploi. Ce
sont les gens qui vont le définir."