"Je suis passionné par les mathématiques, la physique, la logique… Je
pourrais m'enfermer des heures dans une chambre pour modéliser un environnement
avec des hypothèses d'entrées", s'amuse Romain Binet, 33 ans. Mais le
jeune homme est le descendant d'une dynastie hôtelière propriétaire d'établissements sur Paris depuis des
générations. Un héritage familial auquel il savait qu'il serait difficile de se
soustraire, mais il pensait y venir que "bien
plus tard, après avoir voyagé et vécu diverses expériences professionnelles."
C'est son arrière-arrière grand-père, Edmond Hurand, qui pose les jalons de l'entreprise familiale, en
ouvrant le Terrass'' Hôtel à Paris, sur la butte Montmartre, en 1911. Il le
revend en 1920 avant finalement de le racheter et de lui ajouter une aile en
1923. En 1981, le grand-père, Jean-Max Hurand, se porte acquéreur de l'hôtel
Madison en face de l'église Saint-Germain-des-Prés (VIe). Puis, en 1992, Christine et Jean-Luc Binet, les parents de Romain, deviennent propriétaires de
l'hôtel de Bourgogne & Montana (VIIe). En 2005, ils complètent le
portefeuille avec deux établissements de charme rue de Buci (VIe) et créent le
groupe Hôtels Maurice Hurand. Émilie Arabyan
et Marion Laroche, les soeurs de
Romain, s'investissent également dans l'entreprise qui emploie 140 personnes.
Mais le jeune homme prend un tout autre chemin.
"J'ai
été effaré de la confiance de mes parents"
"Je suis entré à l'Estaca de Levallois, une école d'ingénieurs
fréquentée par des passionnés de l'automobile", explique Romain Binet. Il
rejoint, après ses études, l'écurie Suzuki WRC qui participe au championnat du
monde de rallyes. "La compétition était dominée par Sébastien Loeb.
Nous étions en liaison avec nos pilotes pour calculer la résistance des
matériaux. On tordait la voiture en 3D dans tous les sens pour la renforcer. C'était
passionnant", se souvient l'ingénieur, qui a quitté l'écurie trois ans plus
tard : "En 2008, Suzuki a arrêté la compétition."
Il se met alors en tête de reprendre un troisième cycle d'études pour
ajouter une compétence commerciale à sa formation d'ingénieur. "Je me voyais
voyager à travers le monde pendant des années. Alors que je ne m'y attendais
pas, mes parents m'ont demandé de reprendre les rênes des deux hôtels de la rue
de Buci dont la direction était devenue vacante. J'avais 27 ans et 25 personnes
à diriger. J'ai été effaré de la confiance de mes parents."
La greffe résussit puisque en 2012, il prend la direction commerciale du
groupe sans la moindre expérience : "Mon
père était ravi du renouveau que j'apportais, en particulier sur le numérique."
Il conceptualise alors un nouveau Terrass'' Hôtel dont il prend la direction
avant les travaux de novembre 2014. "Nous avons investi 14 M€. Cette
période de chamboulement m'a stimulé car il y avait des enjeux comme celui de
rouvrir l'hôtel avant le salon Air Show. Nous avions de grosses réservations", explique
Romain Binet dont la carrière est désormais tracée. "Je reste passionné par
les sciences mais je n'ai pas de regret car mon basculement dans l'hôtellerie n'a
pas été contraint."
Publié par Francois PONT