Jeff Courtoy, propriétaire du restaurant Le Grand Chêne à Sillans-la-Cascade (Var), a dû faire face à des difficultés financières qui, de passagères, sont rapidement devenues récurrentes. À la suite de la crise de 2008, le restaurateur, installé depuis 1997 dans le Haut-Var, voit son chiffre d'affaires chuter et termine, chaque année, avec un excédent brut d'exploitation (EBE) négatif. De 2010 à 2015, sa banque tolère un découvert qui lui a coûté, estime-t-il, 5 000 € d'agios en cinq ans. “À ce moment là, j'avais besoin d'un découvert de 10 000 €, la banque me l'accordait tout en me rappelant que c'était exceptionnel, car le bilan n'était pas flatteur”, se remémore Jeff Courtoy. En 2015 d'ailleurs, sans crier gare, la banque cesse l'autorisation de découvert, mettant l'entreprise en danger immédiat.
Le restaurateur change alors de banque. “Le fait d'avoir le directeur d'agence comme interlocuteur a changé la relation. Il m'a autorisé un découvert de 25 000 € qui m'a donné une bouffée d'oxygène, mais c'est quand même difficile, au bout de 22 ans d'exploitation, de ne pas sortir un salaire correct”, commente-t-il. En 2016, il emprunte 40 000 € pour un crédit travaux : “Des investissements étaient nécessaires, il y avait des mises en sécurité obligatoires, la façade à rénover. Mais cette année là, entre le crédit, les charges et le personnel, j'ai terminé l'année avec un EBE à - 39 000 €. Je creusais ma tombe !”
Serrer les coûts pour obtenir un bilan favorable
En 2018, il revoit toute l'organisation de son entreprise avec un objectif : sortir un beau bilan pour obtenir ce dont il a besoin auprès de sa banque. Il passe alors de sept salariés à deux, retourne en cuisine et ne se verse pas de salaire. Mais à la fin de l'année, les efforts payent : l'EBE est positif et l'entreprise dégage un petit bénéfice de 4 000 €. “J'ai enfin pu avoir un crédit de caisse, ce qui m'a évité de payer des agios et m'a aidé à remettre l'entreprise d'aplomb.” Avec un taux d'intérêt à 1,7 %, le restaurateur doit alors rembourser son crédit de caisse mais n'a plus le droit au découvert. Pourtant, même si elle manque de souplesse, cette opération lui a coûté bien moins cher que les agios.
Avec un peu de recul, il constate : “J'ai une structure où tout repose sur le restaurant. Quand on n'est pas propriétaire des murs, les banques sont frileuses. Et il faut l'avouer, quand on a un découvert autorisé, on ne regarde pas trop les frais car on en a besoin.”
Avec une entreprise aujourd'hui en voie d'assainissement, un chiffre d'affaires de 400 000 €, Jeff Courtoy réfléchit au futur. “Mon établissement a des coûts de fonctionnement élevés, notamment en chauffage. Il me faudra réfléchir à optimiser au mieux la rentabilité de ma structure, peut-être en créant des chambres.”
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Publié par Marie TABACCHI
lundi 17 février 2020