À 39 ans, Sophie Ferron décide de changer radicalement de vie. Après avoir travaillé dans la haute couture et dans une entreprise de nettoyage, elle s'installe à Lisieux (Calvados) et reprend l'hôtel Saint-Louis en 2009. Un "établissement indépendant de taille modeste, sans restaurant et dans mon budget", explique-t-elle. L'hôtel de 17 chambres affiche alors un taux de remplissage de 7 % et deux étoiles, plus théoriques que réelles. "Plus de la moitié des chambres étaient sans prises de courant, sans télé, sans toilettes, se rappelle-t-elle. Comme j'ai toujours aimé les travaux manuels et le contact humain, cette nouvelle aventure ne m'a pas fait peur."
Un emploi du temps draconien
L'hôtelière, pleine d'énergie, ne baisse pas les bras. Au fil du temps, elle rénove entièrement l'établissement, pièce par pièce : les 12 chambres agrandies sont désormais équipées d'un écran plat, du wifi et d'une salle de bains. Dès qu'elle a un peu de temps le week-end, elle chine, bricole, customise le mobilier, déniche des fins de série et fait les soldes pour redécorer l'hôtel et lui "donner une âme". Elle adopte facebook et Booking.com, et confie à son fils la refonte du site internet. Elle se bat pendant des années auprès de la ville pour obtenir une signalétique visible (l'enseigne est cachée dans une impasse, derrière une église), et s'astreint à un emploi du temps draconien.
La professionnelle est sur pied dès 4 h 30, pour servir les premiers petits déjeuners une demi-heure plus tard. "Tous les jours, je vais à la boulangerie m'approvisionner en produits frais. Jusqu'à 10 h 30, je sers des petits déjeuners thématiques à table, ce qui permet de dialoguer avec les clients. C'est plus convivial qu'un buffet", note-t-elle.
À force de travail et d'écoute, l'hôtelière atteint un taux de remplissage compris entre 50 et 80 %, selon les saisons, et fidélise une clientèle composée aussi bien d'artistes que de commerciaux. "L'hôtel est très familial, avec un esprit proche de celui d'une chambre d'hôtes. Je suis à l'écoute des gens, je suis parfois une confidente. Il faut veiller chaque jour à être souriant et mettre tous ses problèmes de côté. Pour me remercier, les clients m'envoient des colis, des fleurs et des cartes de voeux. C'est très satisfaisant", se félicite-t-elle.
Un métier difficile et épuisant
Mais le métier regorge de difficultés. "Depuis les attentats, fin 2015, j'ai eu une baisse du chiffre d'affaires de 20 à 30 %. Un hôtel nécessite par ailleurs des investissements permanents, alors qu'on n'a pas les mêmes budgets que les gros établissements. Les chambres s'abîment vite, j'ai dû faire des travaux pour l'accessibilité aux personnes handicapées, mettre des portes anti-feu, des alarmes incendie…", détaille-t-elle.
Publié par Violaine BRISSART
mercredi 24 mai 2017
mercredi 24 mai 2017
mardi 23 mai 2017