Retour d'expérience : "Je gère seule un hôtel de 12 chambres"

Lisieux (14) Sophie Ferron a repris l'hôtel Saint-Louis, situé à Lisieux. En solo, l'aventure s'avère épuisante.

Publié le 23 mai 2017 à 16:14

À 39 ans, Sophie Ferron décide de changer radicalement de vie. Après avoir travaillé dans la haute couture et dans une entreprise de nettoyage, elle s'installe à Lisieux (Calvados) et reprend l'hôtel Saint-Louis en 2009. Un "établissement indépendant de taille modeste, sans restaurant et dans mon budget", explique-t-elle. L'hôtel de 17 chambres affiche alors un taux de remplissage de 7 % et deux étoiles, plus théoriques que réelles. "Plus de la moitié des chambres étaient sans prises de courant, sans télé, sans toilettes, se rappelle-t-elle. Comme j'ai toujours aimé les travaux manuels et le contact humain, cette nouvelle aventure ne m'a pas fait peur.

Mais quelques mois après le rachat du fonds de commerce, l'autodidacte tombe sur un os. "Les anciens propriétaires ne m'avaient pas dit que l'hôtel n'était pas aux normes. J'ai dû fermer pour travaux pendant huit mois, durant lesquels il a notamment fallu refaire toute l'électricité. Cinq années de procédure judiciaire s'en sont suivies", déplore-t-elle.

 

Un emploi du temps draconien

L'hôtelière, pleine d'énergie, ne baisse pas les bras. Au fil du temps, elle rénove entièrement l'établissement, pièce par pièce : les 12 chambres agrandies sont désormais équipées d'un écran plat, du wifi et d'une salle de bains. Dès qu'elle a un peu de temps le week-end, elle chine, bricole, customise le mobilier, déniche des fins de série et fait les soldes pour redécorer l'hôtel et lui "donner une âme". Elle adopte facebook et Booking.com, et confie à son fils la refonte du site internet. Elle se bat pendant des années auprès de la ville pour obtenir une signalétique visible (l'enseigne est cachée dans une impasse, derrière une église), et s'astreint à un emploi du temps draconien.

La professionnelle est sur pied dès 4 h 30, pour servir les premiers petits déjeuners une demi-heure plus tard. "Tous les jours, je vais à la boulangerie m'approvisionner en produits frais. Jusqu'à 10 h 30, je sers des petits déjeuners thématiques à table, ce qui permet de dialoguer avec les clients. C'est plus convivial qu'un buffet", note-t-elle. 

Elle assure ensuite les check-out à la réception jusqu'à 11 h 30, avant de confier les draps à la blanchisserie et s'occuper du lavage des serviettes, du repassage, du ménage, de la comptabilité, des travaux, de l'administratif… Le soir venu, elle dresse les tables pour le petit déjeuner du lendemain. Extinction des feux vers 22 heures.

À force de travail et d'écoute, l'hôtelière atteint un taux de remplissage compris entre 50 et 80 %, selon les saisons, et fidélise une clientèle composée aussi bien d'artistes que de commerciaux. "L'hôtel est très familial, avec un esprit proche de celui d'une chambre d'hôtes. Je suis à l'écoute des gens, je suis parfois une confidente. Il faut veiller chaque jour à être souriant et mettre tous ses problèmes de côté. Pour me remercier, les clients m'envoient des colis, des fleurs et des cartes de voeux. C'est très satisfaisant", se félicite-t-elle.

 

Un métier difficile et épuisant

Mais le métier regorge de difficultés. "Depuis les attentats, fin 2015, j'ai eu une baisse du chiffre d'affaires de 20 à 30 %. Un hôtel nécessite par ailleurs des investissements permanents, alors qu'on n'a pas les mêmes budgets que les gros établissements. Les chambres s'abîment vite, j'ai dû faire des travaux pour l'accessibilité aux personnes handicapées, mettre des portes anti-feu, des alarmes incendie…", détaille-t-elle. 

Tenir un hôtel en solo représente enfin une implication totale. "C'est un investissement 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, je dors et je vis à l'hôtel, je ne pars pas en vacances…", raconte-t-elle. Aussi la professionnelle a-t-elle choisi d'employer depuis quelques semaines une saisonnière pour l'aider dans ses tâches quotidiennes. "Ce métier est épuisant", conclut Sophie Ferron.


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Publié par Violaine BRISSART



Commentaires
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sophie Bond

mardi 23 mai 2017

Ce type d'établissement c'est comme un enfant que l'on porte chaque jour, maintenant il est temps de le laisser grandir et s'en détacher. Il faut apprendre à déléguer et penser à en faire une entreprise rentable et bien huilée par ce qu'un jour vous n'aurez plus l'énergie et il aura votre peau ! c'est une démarche longue et difficile mais vous n'avez pas fait tout ça pour rien n'est ce pas ?!
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christian BOUTIN

mercredi 24 mai 2017

Bravo
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Bruno RODRIGUE

mercredi 24 mai 2017

Courage Sophie !
C'est un très beau challenge !
Vous avez beaucoup de mérite.

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