D'après la dernière étude Besoin en main d'oeuvre
de Pôle emploi, l'hôtellerie-restauration recrutera près de 235 000 nouveaux
salariés en 2016. Le secteur chercherait ardemment des serveurs et des
cuisiniers, mais aussi des cadres de haut niveau. Si cela représente près de 14
% des embauches françaises, la réalité est moins rose qu'il n'y paraît, du
moins pour les seniors. Ces derniers se sentent exclus du marché de l'emploi. Gabriel, ancien chef de réception en
région Lorraine, aujourd'hui âgé de 52 ans, explique : "J'ai
quitté mon emploi voilà près de trois ans et je m'en mords les doigts. Les
offres se font rares et les salaires sont bas, surtout pour un professionnel
expérimenté comme moi. Et lorsque je décroche un entretien, on argue que la
pénibilité du métier - qui impose la station prolongée debout -
risque de me handicaper. Pourtant, je suis en forme et plus motivé que
jamais !"
La diversité, source de performances
Comme lui, ils sont nombreux chez les plus
de 50 ans à se faire du souci pour l'avenir. Et ce ne sont pas les 180 000 seniors
qui sont venus agrandir les rangs des chômeurs l'an passé (notamment en raison
de la réforme des retraites) qui risquent d'arranger les choses.
Pourtant, les DRH du secteur sont
unanimes : il n'y a pas de discrimination à l'embauche. Pour preuve,
plusieurs avancent les actions menées pour accompagner les seniors vers l'emploi.
Assez exemplaire sur la question, le groupe Accor, qui annonce 20 % de
salariés âgés de 45 ans et plus, met un point d'honneur à constituer des
équipes très hétérogènes : "Nous menons une politique d'embauche axée
autour de la diversité, détaille Katya Sokolsky, en charge des
politiques sociales du groupe. Nos équipes sont généralement assez mixtes,
aussi bien en genre - hommes-femmes -, en origine qu'en âge. Nous
avons d'ailleurs réalisé une enquête sur les stéréotypes, dont les conclusions
seront rendues le 17 décembre. Un des enseignements majeurs est justement
que la diversité est source de performances."
Le facteur pénibilité
Reste que la pénibilité de certains métiers
constitue un frein intrinsèque à l'embauche. "De fait, je n'ai jamais vu de
femmes de plus de 45 ans postuler à un poste de femme de chambre, ajoute Katya Sokolsky. Ce n'est pas nous qui ne les embauchons pas, mais
elles qui ne postulent pas. Et cela se comprend aisément : il s'agit d'un
métier physiquement difficile."
Le facteur pénibilité serait donc naturellement intégré par les candidats
eux-mêmes.
Outre les employeurs, l'agence Pôle emploi
ne ménage pas non plus ses efforts. "L'État encourage l'embauche et le maintien
dans l'emploi des seniors, qui bénéficient de dispositifs spécifiques",
peut-on lire sur les sites emploi officiels. Parmi les mesures prises en ce
sens, le contrat de génération ou encore le CDD seniors. Autant de pistes
encourageantes, qui devraient continuer à faire de l'hôtellerie-restauration l'un
des premiers recruteurs de France.
Publié par Mylène SACKSICK