L'agence Depur, qui travaille à repositionner et à créer des concepts, organisait le 14 juin à Paris la conférence 'Vivre une expérience au restaurant : bien manger est-il suffisant ?' Autour de l'équipe de Dan Cebula (Depur), la conférence a débuté par la diffusion d'une chronique de l'humoriste Marina Rollman qui fait défiler avec une pointe d'ironie des noms de concepts réels ou supposés : cave à manger, atelier de salade, artisan du burger… "Quand est-ce qu'on est passé d'un modèle simple de bistrot et de brasserie à un monde si compliqué ?", attaque l'équipe, avant de se risquer à une explication : "À force de créer des concepts pour nos clients, on en a oublié ce que c'était d'aller au restaurant."
Le restaurant en tant que marque
"La food, c'est le nouveau vêtement. Et la food sur les réseaux, ça paie plus que la mode", commente un directeur marketing. Auprès de la jeune génération qui va de plus en plus au restaurant, la marque serait donc un atout. Et être dans une file d'attente devant le restaurant, un signe de réussite… "Pour certains clients, c'est devenu un marqueur social. Le partager ensuite sur les réseaux sociaux compte presque plus que l'expérience", ajoute le directeur. Une belle photo ne veut pas dire que l'expérience soit réussie pour autant.
L'indispensable 'story telling', à condition qu'il y ait de l'humain
Selon Depur, raconter l'histoire de ses origines ou de ses produits, incarner son lieu et impliquer son équipe semble être pour un restaurateur l'une des clés pour une expérience réussie. Originaire d'une famille de pizzaïolos napolitains et installé depuis trois mois chez lui (Paris XVe), Guillaume Grasso fait partie des rares pizzaïolos en France à bénéficier de l'attestation Vera pizza napoletana. Plus que le concept, les pizzas reflètent la tradition familiale et l'authenticité.
"On ne peut pas mentir sur la passion"
Créer un lien spécial et donner de l'émotion grâce à un petit ou à un grand moment permet de marquer l'esprit d'un client, explique un expert de Depur. Il illustre cette réflexion avec l'exemple du cuisinier paysan Patrick Duler, du Domaine de Saint-Géry, dans le Lot. "Il élève ses animaux, cultive son potager et cuisine, c'est un vrai passionné".
Le juste prix
Les consommateurs sont de plus en plus aguerris, et sont désormais à la recherche du produit, "la vraie star", parfois accompagné d'un rapport 'émotion prix' assez élevé. "L'avocado toast à 16 € ou la limonade maison à 5 € dans un café, ça a du mal à passer" prévient toutefois un intervenant.
Publié par Caroline MIGNOT
mercredi 20 juin 2018