“J’ai été obligée d’arrêter tellement ça marchait !”, s’exclame Valérie Wolf, bloggeuse spécialisée dans les arts de table et fondatrice d’Ail ma cocotte, un site à partir duquel, durant deux étés, elle a couvert de ses préparations fraîches et faites maison les pelouses autour de la porte de Saint-Cloud (Paris, XVIe), où elle est domiciliée. “L’activité a marché très fort mais de manière saisonnière. Les Français n’ont pas la culture du pique-nique sous toutes les météos comme en Angleterre. J’avais des demandes de particuliers comme d’entreprises en ces étés d’après-Covid. Je proposais des paniers de 39 à 59 € avec la location d’une belle vaisselle en porcelaine. J’ai arrêté pour deux raisons : je ne me voyais pas embaucher pour une activité aussi saisonnière et j’étais un peu lassée par la restitution du matériel endommagé, même si les gens payaient les dégâts sans difficultés”, explique l’entrepreneuse qui avait été marquée par la multiplication des offres de grands chefs comme Jean Imbert ou Yannick Alléno.
“S’offrir un pique-nique avec majordome chez Ducasse dans les jardins de Versailles, pourquoi pas mais nous sommes vraiment sur une niche !”, s’amuse Bernard Boutboul du cabinet Gira. “Une nouvelle offre avec pique-nique est en effet disponible aux Airelles Château de Versailles, Le Grand Contrôle”, confirme Amélie Ensmiger, la chargée des relations publiques du palace. Mais uniquement en août. Sa consœur, Elcie Ounsamone, s’enchante du succès l’été dernier des très chics paniers repas du Crillon (Paris, VIIIe), à consommer dans les jardins des Tuileries durant les beaux jours. Mais cet été, le palace de la place de la Concorde range ses paniers en osier, sauf demande exceptionnelle, pour innover dans les cookies glacés.
“Cela a été un beau succès de communication. Mais le retrait des paniers rue de Richelieu [Paris, IIe], loin des lieux où étendre sa nappe, et la mise à disposition de contenants réutilisables, avec même une couverture, n’était pas assez rentable”, regrette Céline Langensand, de la chaîne de restaurants Goiko.
Ne pas délaisser les restaurants au profit des pelouses
À Reims (Marne), Elise Faltot, du restaurant les Petits Rémois, renouvelle joyeusement sa participation, avec 70 restaurateurs du département, à l’opération Pique-nique en Champagne. “On participe à la promotion de la région en proposant un pique-nique avec une recommandation, sous forme de carte postale déposée dans le panier, de lieu où le déguster”, explique la restauratrice qui n’a pourtant pas été débordée par les demandes l’été dernier “peut-être par manque de communication”.
À l’autre bout de la France, Catherine Athon propose à ses hôtes de l’Estancat à Pardies-Pietat, au sud de Pau (Pyrénées-Atlantiques), des paniers à 7 € à peine et avec une bouteille d’eau : “Cela ne me rapporte strictement rien, mais les gens sont contents lorsqu’ils partent en randonnée. C’est un service incontournable !” Alain Fontaine qui préside l’Association française des Maîtres restaurateurs (AFMR) n’est pas le plus dithyrambique sur le sujet : “L’art de vivre se passe dans nos établissements et pas sur les pelouses. En dehors des niches expérientielles comme chez Ducasse, ne proposons pas des prestations qui pourraient vider nos affaires !”
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Publié par Francois PONT