Pierre Ransinangue : "En salle, il faut savoir s'intéresser aux gens"
Biarritz
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Le maître d'hôtel du restaurant étoilé Les Rosiers, à Biarritz, a appris son métier sur le terrain. Aujourd'hui encore, il est fidèle à lui-même en accueillant les clients avec simplicité et chaleur.
Publié le 13 mars 2017 à 11:34
Pierre Ransinangue : son credo, accueillir avec simplicité, chaleur et une touche d'humour
La salle des Rosiers compte 32 couverts. Elle a été refaite, notamment pour que les clients ne soient pas gênés par les passages de l'équipe en cuisine.
Quand Pierre Ransinangue, 57
ans, apprécie une maison, il y reste. Avant d'intégrer l'équipe des
Rosiers, à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques),à son ouverture en 2008, il a travaillé dix-sept ans au restaurant
Chez Dominique, à Ciboure, tenu par le chef Georges Piron. "Je suis parti lorsqu'il a vendu", précise-t-il.
Tout jeune, après un CAP restauration, il alterne les saisons avant d'intégrer
des hôtels haut de gamme au Pays basque, comme le Café de Paris ou l'Arraya.
"Je
suis devenu maître d'hôtel par le cheminement de la vie. C'est un métier
passionnant mais difficile. Travailler pour un restaurant étoilé demande encore
plus d'implication : nous avons tous une responsabilité par rapport à
cette étoile. Il y a une remise en question à chaque service. Mais j'estime que
cette pression est nécessaire pour éviter de se laisser aller. Que vous ayez
des douleurs ou un problème, le client n'est pas là pour subir : il vient
au restaurant pour se détendre et se faire plaisir", souligne-t-il.
Une dose de chaleur humaine… et de
lâcher prise
Son credo : la simplicité, avec une
touche d'humour. "On peut être très professionnel en étant simple. Dans
les étoilés, je constate souvent que les maîtres d'hôtel se prennent trop au
sérieux. Depuis que je travaille, j'ai vu beaucoup d'évolution dans la cuisine,
mais peu dans le service en salle où les codes restent figés. Je suis bien
habillé mais je ne porte pas de veste. Certains clients craignent l'image
guindée d'un restaurant étoilé Michelin,
ils sont parfois impressionnés. Alors je les accueille simplement, sans faire
de chichis. Je suis à leur écoute, j'essaie de les détendre, nous discutons.
Lorsque c'est possible, nous leur proposons de s'installer où ils le souhaitent."
Très respectueux du travail des chefs, Andrée et Stéphane Rosier, il s'agace
toutefois des remarques de clients sur le "manque de croquant" de
tel plat - des critiques infondées, inspirées des émissions culinaires,
selon lui - mais bien sûr, n'en montre rien. Il évoque un autre cas où il
faut savoir lâcher-prise : "C'est rare mais il arrive que des clients,
habitués des palaces, se sentent décalés chez nous car ils attendent un service
plus guindé", sourit-il.
Privilégier le contact
Le contact reste son moteur.
Biarritz est une station balnéaire réputée, accueillant de nombreux touristes
français et étrangers. "Je rencontre beaucoup de monde ! En salle, il faut savoir s'intéresser aux gens. Nous avons une belle clientèle - je
parle de comportement, et non de fortune. Nous comptons beaucoup de fidèles,
certains nous font la bise. Andrée Rosier vient saluer les clients. Outre la
cuisine, le fait d'être une petite maison menée par une équipe réduite et
constante contribue sans doute à la fidélisation."
Il se nourrit de la
nouveauté, apprécie de découvrir de nouveaux plats à la carte tous les trois
mois, encourage les clients à s'aventurer vers d'autres vins que ceux du
Bordelais, très prisés dans la région. Saisir les occasions de se renouveler
est aussi une façon de rester enthousiaste à ce poste après des années d'expérience.