Après six semaines d’arrêt à cause des importantes inondations qui ont touché le Pas-de-Calais en novembre et en janvier dernier, le bar-brasserie La BF, à Arques, a rouvert le 22 février à 9 heures. “Le téléphone n’arrête pas de sonner, les réservations pleuvent. Il nous reste encore beaucoup de choses à faire avant le service du midi, comme afficher notre nouvelle carte et dresser les tables, mais nous sommes très heureux”, lance le dirigeant, Olivier Verlenne, dans sa course entre la cuisine et la salle.
En face, le restaurant Le Groët de Marie est dans la même dynamique. “Nous sommes super contents de rouvrir. Les clients nous ont manqué et nous leur avons manqué. Pour preuve, notre carnet de réservations est plein jusqu’à ce week-end”, assure Sébastien Boulinguez, codirigeant de l’établissement avec son épouse, Angélique.
Des pertes importantes
Les dirigeants ont de quoi avoir le sourire : il y a quelques semaines, ils pensaient avoir tout perdu. “L’eau est montée jusqu’à 1,80 m. Je vous laisse imaginer l’état de nos portes, de nos murs et du sol. Dans la cave, tout a été détruit : la chambre froide, les pompes à bières, la chaudière, l’adoucisseur et toutes les denrées alimentaires…”, se remémore Olivier Verlenne. Même constat du côté de La Groët de Marie : “Nos frigos, notre adoucisseur, notre système d’électricité, le sol et nos murs ont été endommagés.” Pour remettre en état leurs outils, le premier a déjà réalisé 80 000 € de travaux et le second 25 000 €.
“En six semaines, je pense que nous avons perdu près de 300 000 €, en additionnant la perte d’exploitation, le chômage partiel, le rachat de matériel et les travaux”, affirme le dirigeant du restaurant La BF, qui réalisait jusqu’à 180 couverts par jour avant les inondations. Quant à La Groët de Marie, d’une capacité de 40 couverts, la perte d’exploitation seule est estimée à 40 000 €. “Même si nous avions de la trésorerie, nous avons vraiment eu peur de devoir mettre la clé sous la porte”, confie Sébastien Boulinguez.
Des assureurs à l’écoute
Installés respectivement depuis 2010 et 2011, les restaurateurs n’avaient jamais vécu une telle situation. “Par chance, le chômage partiel a rapidement été accepté pour mon équipe de 13 salariés”, se remémore Olivier Verlenne. De son côté, Sébastien Boulinguez a eu moins de chance. “Nous avons touché le chômage partiel pour nos deux apprentis. En revanche, avec Angélique, nous sommes considérés comme travailleurs indépendants. Nous n’avons donc pas reçu de salaire sur les semaines où le restaurant est resté fermé.”
Face à cette situation hors norme, les deux dirigeants tiennent à saluer les élus locaux et les assureurs. “Lors des deux épisodes d’inondations, l’expert est passé dans les deux jours après le sinistre. Je vais être dédommagé pour ma perte d’exploitation, mon matériel et les travaux”, souligne Olivier Verlenne. “Les salariés de l’assurance ont été très humains. Je pouvais les appeler n’importe quand, ils étaient toujours prêts à répondre à mes questions. Nous allons forcément perdre de l’argent, car il y a toujours des petites lignes, mais nous nous sentons soutenus”, ajoute Sébastien Boulinguez. Le fait que le Pas-de-Calais soit rapidement passé en zone de catastrophe naturelle et que les ministres Bruno Le Maire et Gabriel Attal se soient déplacés ont aussi favorisé la rapidité des démarches.
Publié par Lolita Péron - Aletheia Press