L’Hôtellerie-restauration : L’année dernière, vous aviez évoqué la mise en place d’un plan d’action en faveur des saisonniers pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur des CHR ? Que prévoit ce plan et où en est-il ?
Olivia Grégoire : 200 000 personnes manquantes dans les CHR, ce n’est pas arrivé du jour au lendemain ! On y répond donc par des réformes structurelles comme le plan Castex sur les tensions de recrutements qui, en 2021, a permis de faire baisser de 280 000 le nombre de demandeurs d’emploi de longue durée et de 146 000 ceux de très longue durée. Je peux aussi citer la réforme de l’assurance chômage, pour laquelle nous envisageons un retour vers l’emploi de 100 000 à 150 000 demandeurs d’emploi. On y répond également par des mesures de court-terme : les réformes liées à l’apprentissage qui ont permis en 2022 d’atteindre 837 000 contrats d’apprentissage ou encore la fixation à 6000 € de la prime à l’embauche d’un apprenti mineur. A côté de ces mesures, nous venons d’annoncer avec Olivier Dussopt un plan pour stimuler l’emploi saisonnier. Ce plan, co-construit avec les acteurs du tourisme et qui s’étendra sur plusieurs années, se focalise sur 3 axes.
D’abord, on fait venir les saisonniers en les accueillant, orientant et accompagnant par la communication numérique (webinaires d’informations) et physiques (guichets d’information, multiplication des évènements autour des métiers et formation du tourisme notamment durant la semaine des métiers du tourisme, etc.) ;
Ensuite, on fait rester les saisonniers en formant mieux (formations plus courtes et plus personnalisées) et proposant des recrutements facilités et adaptés (passerelles pour le recrutement en intersaison) ;
Enfin, on loge les saisonniers. Le logement est un problème bien connu : quel intérêt de prendre un travail si tout le salaire doit passer dans un loyer ? Pour faire face à cela, nous allons ouvrir, dès cette période estivale, des capacités dans les campings, les internats et les particuliers.
Tout cela doit être couplé par une action des organismes professionnels lesquels doivent porter la réflexion sur l’amélioration des conditions de travail dans ces métiers car aujourd’hui, nous l’avons compris, les jeunes générations ne s’attachent plus uniquement à une valorisation des salaires mais aussi au sens de leur travail.
Pour pallier les difficultés de recrutement, les professionnels de l’hôtellerie-restauration demandent que leur secteur soit reconnu comme “métiers en tension” afin de pouvoir recourir aux salariés étrangers. Des dispositions sont-elles prévues en ce sens ?
Il ne vous a pas échappé que si cette loi n’a pas encore été déposée sur le bureau de l’Assemblée nationale, c’est que les travaux continuent, notamment par mes collègues Gérald Darmanin et Olivier Dussopt. Ce que je peux d’ores et déjà vous dire c’est que les problématiques rencontrées par le secteur HCR sont bien identifiées et ont fait l’objet de plusieurs discussions entre nos trois ministères qui vont se poursuivre dans les prochaines semaines.
Vous avez annoncé le lancement d’un programme de reconquête du commerce rural avec une enveloppe de 12 millions d’euros afin de permettre l’installation de commerces dans les communes rurales. Ce programme a-t-il rencontré son public ?
Il dépasse nos attentes ! Nous avons plus de 350 projets d’ores et déjà déposés, alors que nous avons ouverts les candidatures il y a trois mois ! Avec la Première ministre, nous avons annoncé ce jeudi les 76 premiers projets sélectionnés, pour un montant global de 2,4 millions d’euros, qui bénéficieront à près de 50 000 Français, sans compter l’impact de ces futurs commerces sur les communes à proximité ni en comptant l’impact des projets de commerce itinérant.
Je souligne qu’il s’agit d’indépendants qui souhaitent entreprendre, mais aussi des communes. Les projets sont de grande qualité, avec beaucoup de commerces multiservices. C’est une immense satisfaction, tant ce programme me tient à cœur.
Les taux de commission des titres-restaurant se situent entre 4 et 6 % selon les opérateurs. Les professionnels s’en plaignent et demandent un encadrement des taux, comme pour les cartes bancaires. Que leur répondez-vous ?
Ce sujet m’a été signalé et j’ai demandé à mon cabinet d’étudier toutes les pistes pour le traiter dans le cadre d’une réforme plus globale des titres-restaurant. Des consultations sont en cours, sur le niveau de ces commissions, mais également sur la dématérialisation des titres-restaurant, en passant par la gouvernance de la Commission nationale des Titres-Restaurant. Il faut une approche claire, lisible et cohérente de ce sujet : c’est l’objet de ces consultations qui feront l’objet d’une restitution et de prises de décision à la rentrée.
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Publié par Pascale CARBILLET