Hervé Moinel : Il y a une chute des repreneurs primo-accédants. Depuis deux ans, nous constatons que les transactions se font essentiellement entre professionnels des CHR. Les repreneurs ont tendance à installer de nouveaux concepts et, le plus souvent, prennent le parti de démolir l'existant pour créer de toute pièce un aménagement moderne qui, en outre, garantit une conformité aux nomes de sécurité et PMR. Cette tendance est l'une des raisons pour lesquelles la demande d'emplacements commerciaux est à la hausse. Il est en effet beaucoup moins compliqué et coûteux pour un repreneur qui souhaite refaire tout l'aménagement d'investir dans la reprise d'un emplacement commercial en pied d'immeuble que de reprendre un fonds de commerce.
Le marché des ventes de fonds a-t-il souffert des manifestations violentes qui se sont multipliées en 2016 et 2017 dans le centre-ville ?
Oui. Les commerçants du centre-ville en ont beaucoup souffert, ce qui a certainement entrainé pour eux une baisse du chiffre d'affaires et pour nous un ralentissement du marché des transactions. D'autant qu'en 2017, il y avait aussi les élections présidentielles qui sont toujours un facteur d'attentisme sur le marché des ventes de fonds de commerce. Actuellement, le centre-ville est redevenu paisible, et nous avons à nouveau des acquéreurs extérieurs à Nantes qui s'y intéressent.
Quels sont les secteurs de Nantes et de la couronne nantaise qui ont la cote ?
Parmi les secteurs dynamiques et recherchés, on peut citer les communes de la première couronne telles que Orvault, Saint-Herblain, Carquefou et Rezé et en particulier Trentemoult, une ancienne ville de pêcheurs devenue un village prisé pour son esprit singulier. Dans Nantes, on peut citer les quartiers Bouffay, Graslin et celui des Machine de l'île - sur l'Île de Nantes - qui sont jeunes, branchés et touristiques.
Quelle est la tendance 2018 ?
Nous constatons que les hôtels-bureaux, habituellement très demandés, le sont moins, probablement en raison des exigences légales liées à la mise aux normes qui implique des travaux coûteux devant s'ajouter à un prix d'acquisition souvent surévalué par les propriétaires. Les ventes de pizzerias, crêperies et les sandwicheries traditionnelles à consommer sur place ou à emporter s'essoufflent. Ces établissements souffrent des nouveaux concepts de restauration rapide plus innovants : burgers, bagels etc.
Un conseil pour les vendeurs qui peinent à trouver acquéreur ?
Ils doivent accepter de vendre au juste prix, c'est-à-dire celui qui va permettre à un repreneur de vivre de son commerce. S'il est inférieur au prix espéré, mieux vaut se faire une raison et vendre rapidement plutôt que de laisser une affaire traîner sur le marché. Plus une affaire reste longtemps sur le marché, plus elle paraîtra louche aux yeux de potentiels acquéreurs.
Un conseil pour les porteurs de projets désireux de s'installer à Nantes ?
N'ayez pas peur d'innover. Aujourd'hui le consommateur est à l'affût de la nouveauté et de ce qui sort de l'ordinaire. Quant aux ratios clés, veillez à ne pas dépasser un prime cost* de 55 % maximum, un loyer compris entre 5 et 7 % du CA HT, et une masse salariale comprise entre 25 et 28 % du CA HT.
*prime cost = coûts matières + masse salariale + charges dont le loyer.
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Publié par Tiphaine BEAUSSERON
vendredi 23 février 2018