Aurélien Armagnac : “S’il faut flasher un QR code, nous le ferons”
Gérant de l’hôtel French Theory, avec restaurant et terrasse, à Paris (Ve)
“J’ai deux regards sur ce pass sanitaire. Celui du professionnel de l’hôtellerie-restauration et celui du citoyen. En tant que professionnel, je suis pour tout ce qui peut nous permettre de travailler. Chez French Theory, nous sommes rouverts depuis juin 2020 et nous avons su nous adapter, que ce soit en transformant des chambres en salles de conférences ou en servant le petit déjeuner dans une box. S’il faut flasher un QR code, nous le ferons. Rien ne nous fait peur ! En revanche, en tant que citoyen, ce pass suscite encore des interrogations : n’y a-t-il pas une sorte de discrimination alors que l’on n’a pas encore proposé à tout le monde d’être vacciné ? Le vaccin protège combien de temps ? Ce pass incarne-t-il un refus de liberté ? N’est-il pas aussi un brin intrusif ?... Selon moi, ce n’est pas à un hôtelier de répondre à ces questions, à la fois d’ordre politique, éthique, sanitaire, sociétal ou encore juridique.”
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Victor Mercier : “Un pas de plus vers la suppression du masque”
Finaliste de Top Chef 2018 et chef de Fief, restaurant sans terrasse, à Paris (XIe)
“Le pass sanitaire, c’est dans la logique des choses. C’est un pas de plus vers un retour à la vie normale et peut-être aussi à la suppression du masque. Car le masque en cuisine, et surtout en cuisine ouverte comme dans mon restaurant, c’est compliqué. Dès que je le retire pour goûter un plat, cela peut susciter une certaine suspicion. Et puis, quand je le porte, on ne m’entend pas toujours lorsque je parle aux équipes ou aux clients… Mais le pass sanitaire, c’est aussi des informations supplémentaires que l’on va donner. C’est encore une victoire de cette crise sanitaire, qui risque d’engendrer une sorte de ségrégation entre les vaccinés et les non vaccinés.”
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Raphaël Courant : “Nous ne sommes pas là pour faire la police”
Gérant de la Brasserie de la gare, bar et restaurant avec terrasse, à Angers (Maine-et-Loire)
“Nous ne sommes pas là pour faire la police ! Certes, si le pass sanitaire peut nous aider à travailler, on est prêts. Mais ce n’est pas notre rôle de demander à nos clients de montrer patte blanche avant de s’installer à une table. Lorsqu’on nous a demandé de consigner sur un cahier les noms, heures d’arrivée et de départ de nos clients, nous l’avons fait. Mais c’était devenu quasiment un travail à temps plein pour un membre de l’équipe ! Alors nous avons laissé le cahier à la disposition des clients : nous leur avons fait confiance, sans avoir l’impression de les fliquer.”
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Adrien Boissaye : “J’observe de près ce qui se passe en Israël”
Co-fondateur du groupe Le Perchoir, qui compte 6 bars et restaurants, avec terrasses, à Paris
“Pour moi, il y a un prérequis à la mise en place d’un pass sanitaire : tout le monde doit avoir accès à la vaccination. Or, ce n’est pas encore le cas en France. Quand nous y serons, je serai favorable à ce type de pass. Pour l’heure, j’observe de près ce qui se profile en Israël, avec le passeport vert : c’est un exemple de ce que peut être la vie d’après. J’aime bien la solution qui consiste à distinguer la terrasse de la salle d’un restaurant : on peut librement s’installer à l’extérieur et le pass permet d’accéder à l’intérieur. Toutefois, actuellement, le seul message que j’ai envie de faire passer, c’est : donnez-nous un calendrier pour pouvoir nous préparer ! Nous sommes capables de tout entendre, mais comme n’importe quel chef d’entreprise, nous devons prévoir.”
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Bertrand Jaquet : “Cela ne sera pas forcément très simple à faire respecter”
Propriétaire du Domaine de Rochevilaine, avec terrasse, à Billiers (Morbihan)
“Je n’ai pas d’avis tranché sur la question du pass sanitaire, si ce n’est que cela ne sera pas forcément très simple à faire respecter. Je laisse aux représentants de la profession, les syndicats, la possibilité de continuer le dialogue avec l’État. Il est toujours préférable que la profession ne parle que d’une seule voix !”
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Nicolas Decker : “Aujourd’hui, c’est un peu trop tôt”
Propriétaire et directeur de La Cheneaudière, hostellerie avec terrasse, à Colroy-la-Roche (Bas-Rhin)
“Dans l’absolu, un pass sanitaire, ça a du sens. À partir du moment où les non-vaccinés le sont par choix, ce type de pass ne me choque pas. Mais aujourd’hui, c’est un peu trop tôt pour le généraliser. Tous ceux qui veulent être vaccinés ne le sont pas. Or, si le pass sanitaire entre en vigueur très prochainement, cela va exclure beaucoup de nos clients. Malgré ça, je tiens à préciser que je suis très reconnaissant de ce que l’État a déjà mis en place pour nous permettre de tenir jusqu’ici. Beaucoup de pays nous envient ces dispositifs. Nous, nous avons le luxe de pouvoir nous poser la question : est-ce que j’ouvre mon établissement, ou pas ?”
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Publié par Anne EVEILLARD