En apprenant à connaître Véronique et Bruno Chartron, on pense aussitôt à des gens volontaires. Car ils savent exactement par où ils sont passés avant d'en arriver à ce jour de février, lorsque la bonne nouvelle est tombée.
Les coups durs de la vie, l'ancien élève de l'école hôtelière de Thonon les découvre alors qu'il effectue son service militaire. Un accident de voiture lui ôte le bras droit. "On m'a alors dissuadé de beaucoup de choses, mais je n'ai jamais écouté et en 1984 nous nous sommes installés dans cet établissement dont les murs appartenaient à mon grand-père."
Une pension de famille que le couple a transformée une première fois à la fin des années 1980. "Nous avions beaucoup investi et à ce moment-là, j'ai pensé que l'étoile pourrait nous aider." Le couple a notamment construit la réputation du restaurant autour d'un menu célébrant la truffe.
Pourtant, avant d'être ainsi salué pour la qualité de son travail Bruno Chartron et son épouse ont dû faire face à une nouvelle épreuve. Septembre 2008, alors qu'ils sont en période de fermeture, des pluies torrentielles s'abattent sur la région et une vague descendant des collines alentours dévaste la totalité des lieux. "Pour la première fois, nous nous sommes interrogés sur l'avenir."
En attendant la relève
Ils ont cependant accepté ce nouveau défi. "Notre moteur, c'est l'espoir de voir notre fils Mathieu, actuellement chef du restaurant de Guy Savoy, à Las Vegas, nous rejoindre quand il le décidera." Une relève qui a partagé à distance leur grand bonheur.
"L'étoile, j'ai cru qu'elle viendrait en 2010 après les dix mois de travaux et la réouverture dans un nouveau décor. Mais comme rien n'arrivait, nous disions aux clients que ce serait à notre fils d'aller la décrocher", avoue Véronique Chartron. Le couple s'est finalement débrouillé seul, avec le concours d'une équipe jeune et tout aussi motivée. Mais la reconnaissance du Michelin n'a rien changé à leur personnalité. "Même si après vingt-neuf ans de métier, c'est une belle surprise", s'exclame le chef.
À cette volonté tenace, certains habitants de Saint-Donat ont ajouté la solidarité. À l'image de leurs voisins boulangers, sinistrés eux-aussi en 2008. "Alors qu'ils étaient dans la peine, c'est Véronique et Bruno Chartron qui ont trouvé une solution pour nous héberger", souligne avec émotion la commerçante. Du talent et du coeur, en somme.
Publié par Jean BERNARD