"Je suis la 4e génération de cuisiniers, mes parents tenaient un très bon routier. J'ai même failli naître en cuisine, ma mère était en plein service quand elle a ressenti ses premières contractions", raconte Eddy Creuze. Mais un destin tout tracé ne suscite pas nécessairement la vocation. Jeune, Eddy voulait être menuisier. Son père l'amène en 1982 chez Jacques Pic. Ce fut l'élément déclencheur. Deux souvenirs l'ont marqué et impressionné : les casseroles en cuivres accrochés en rang d'oignon dans la cuisine et sa découverte gustative du foie gras poêlé. Il y retournera vingt ans plus tard avec ses filles.
Il rentre en apprentissage à l'auberge de Condé à la Ferte-sous-Jouarre chez Émile-Alexis Tingaud. Une période qui a constitué pour lui une véritable école de la vie, estime-t-il, et qu'il appelle ses plus belles années. Des souvenirs : boire le champagne à 3 heures du matin à Rungis ou manger le casse-croute au Saint-Hubert. Des rencontres aussi avec de grands chefs, Paul Bocuse, Pierre Troisgros, Michel Guérard, Pierre Romeyer, Bernard Loiseau, Gérard Boyer… qui venaient manger régulièrement chez Émile-Alexis Tingaud.
Le succès au rendez-vous
Il part ensuite en Belgique au Barbizon, chez Alain Deluc, deux étoiles au Michelin et président des maîtres cuisiniers belge. Son service militaire en cuisine aux Invalides lui permet de cuisiner pour le ministre de la Défense, Jean-Pierre Chevènement, et Jean Poperen, ministre des relations avec le Parlement. Autre expérience marquante, celle qu'il fait chez Jacques Le Divellec à Paris, où il apprend tout sur les poissons et leurs cuissons.
En 1995, il reprend un établissement à Melun, baptisé Le Mariette en hommage à sa mère. Le démarrage est difficile, il se cherche, mais après d'importants travaux de rénovation, le succès est au rendez-vous. Il officie pendant une dizaine année, mais se lasse et vend l'établissement.
Avec son épouse Nathalie, ils ont un coup de coeur pour cette auberge. Rapidement, ils refont toute la décoration de la salle, dans une ambiance contemporaine aux tons beige et marron. Ses spécialités : sa Tartine de foie gras au sel et truffe, pour laquelle les clients appellent quand la saison de la truffe se termine afin d'être sûr d'y goûter. Autre incontournable, son Ragoût de morille à l'oeuf cassé, sans oublier le gibier et notamment son Lièvre à la royale en cuisson longue.
L'émotion est grande pour un chef qui a longtemps rêvé de l'étoile, et s'avoue fier de partager cette consécration avec son personnel. Et de citer, son bras droit - celui qu'il appelle l'autre chef - Jean-Marc Herry, le second Nicolas Gouraud et le plongeur Jean-Michel, sans oublier le sommelier et le maître d'hôtel, mais aussi, bien sûr, son épouse Nathalie. Pour fêter l'étoile, ils invitent toute l'équipe chez Christian Le Squer, "le premier à m'avoir envoyé un message de félicitation", avoue Eddy, toujours ému. De nombreux messages qu'il a encadrés et affichés dans son établissement
Publié par Pascale CARBILLET