Devant l'émoi et la sidération provoqués par cette violence récurrente dans les cuisines, que l'on pensait archaïque et d' un temps que les moins de trente ans ne pouvaient pas connaitre, il est venu le temps de proposer à l'ensemble des grands chefs français de s'élever solennellement contre la violence en nous rejoignant pour ce projet de Manifeste.
Il n'est pas question de stigmatiser ou de faire la leçon, de diviser notre profession mais de la rassembler pour refuser la banalisation des violences larvées ou actées et son évident corollaire corporatiste de la tentation du silence version Omerta !!
Ainsi nous pensons qu'il faut bannir toutes les mini brimades physiquement contondantes et répétitives qui sont des atteintes à l'intégrité physique tangibles et douloureuses, afin de rendre la profession éthiquement indiscutable. Il ne faut pas oublier que la peau est à la fois une frontière qu'on ne viole pas et un organe et comme l'a dit si joliment Paul Valéry : « Ce qu'il y a de plus profond chez l'homme c'est la peau ».
Il n est pas question de s'ériger en moralistes ou donneurs de leçons mais de continuer à transmettre les fondamentaux de nos métiers « rigueur, engagement et régularité » sans lâcher sur l'essentiel, en excluant sans faiblesse les violences gratuites de type exutoires qui sont réputées douloureuses et humiliantes !
Certes la cuisine est à la fois un microcosme avec ses règles souvent dans un espace contraint de productions et de déplacements, de tensions psycho-physiologiques rythmées souvent par les deux services du théâtre de la gourmandise.
Cela ne doit pas être la Cour des Miracles de personnages, certes courageux et talentueux mais qui reproduisent ce qu'ils ont vécus devenant à leur insu des générateurs de scories violentes et névrotiques.
Il nous paraît important et salutaire de lever l'omerta qui règne pour refuser la banalisation des petites violences ordinaires à tendance bizutage larvé ou considéré calibré comme des rites initiatiques !
Il nous semble bon de rappeler que dans une société saturée de technologies où règne en permanence la dictature de l'image et de la violence, il est prouvé que le mimétisme associé à la mémoire de ces deux éléments ont des vertus dupliquantes et par extension génératrices de violences.
Il nous appartient aussi d' apprendre aux jeunes à dire l'inacceptable, mais aussi à faire la part des choses avec ce qui participe à l' autorité normale et induite dans la conduite d' un métier à fort engagement psycho-physiologique où les substances psychoactives ne doivent pas s' additionner à l' adrénaline.
Ainsi nous pensons que la signature d'une pétition des chefs français nous semble une réponse appropriée contre des actes de violence indignes de notre profession.
Surtout au moment ou la Gastronomie est au menu du comité de promotion du tourisme sous l'autorité de Monsieur Laurent Fabius ministre des Affaires étrangères et du Développement international.
Gérard Cagna, Cuisinier Reporter
Pour les chefs Meilleurs Ouvriers de France : Guillaume Gomez, Guy Krenzer, Fabrice Prochasson, Michel Roth, Christian Têtedoie et le maître chocolatier Gilles Marchal.
lundi 1 décembre 2014