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Fondée en 1946, la chambre syndicale de désinfection, désinsectisation et dératisation (CS3D) est un organisme professionnel qui regroupe des entreprises prestataires de services, des fabricants et des distributeurs dont l'activité principale est la lutte raisonnée contre les nuisibles en milieu industriel et urbain. Les domaines d'intervention de ces entreprises sont la lutte contre les nuisibles et les parasites en tout genre, mais aussi la mise en oeuvre des précautions à prendre pour contrôler leur développement. "On intervient dans tous les secteurs d'activité et notamment dans ceux de l'hôtellerie-restauration qui sont d'importants utilisateurs de nos services" précise son président Marc Esculier.
Dans le cadre de la Confédération européenne des entreprises de lutte antiparasitaire (CEPA) dont elle est un des membres fondateurs, la chambre syndicale participe activement à l'harmonisation européenne des réglementations, des normes et des bonnes pratiques professionnelles. Elle veille au suivi de l'application de la directive européenne sur les biocides, c'est-à-dire des appâts élaborés qui n'agissent que sur les animaux ciblés.
L'ne des missions de la CS3D est d'informer et de contribuer au développement de méthodes de lutte plus performantes et plus respectueuses de l'environnement. Au travers de deux cas concrets, les punaises de lit et l'invasion des souris en milieu urbain, la CS3D a présenté lors d'une conférence de presse qui s'est tenue le 15 janvier dernier au Shangri-La Paris (XVIe), les enjeux sanitaires, économiques et sociaux de la lutte contre les nuisibles. Deux experts étaient présents : le docteur Arezki Izry, entomologiste exerçant au service de parasitologie-mycologie du CHU Avicienne, université Paris 13 à Bobigny et le docteur Jean-Michel Micheaux vétérinaire et enseignant à l'École nationale vétérinaire de Maisons-Alfort.
Punaises de lit
Les punaises avaient presque disparu dans les années 1950, grâce à l'utilisation de puissants insecticides comme le DDT et la nette amélioration de l'hygiène dans les habitats. Elles ont fait un retour en force dans les années 1990, faute aux échanges internationaux. "En France, 35 % des hôtels interrogés en 2009 admettent avoir rencontré au moins une fois ces petites bêtes", précise Arezki Izri.
La punaise de lit mesure à l'âge adulte entre 5 et 8 mm de long et a une espérance de vie allant de 4 mois à un an. Une femelle peut pondre jusqu'à 500 oeufs. Sa forme aplatie lui permet de se glisser dans de minuscules anfractuosités. Ce petit vampire se déplace principalement la nuit pour se nourrir du sang des dormeurs. Le plus souvent, mais pas toujours, les personnes touchées se plaignent de piqures nocturnes. Généralement, elles présentent des lésions cutanées, des traces de piqures et des réactions inflammatoires. Parfois ces piqures peuvent entraîner de véritables allergies avec des manifestations généralisées : urticaire, voire oedème de Quincke.
Comment les détecter ?
Le meilleur moyen de détection reste l'inspection visuelle : de petites traces de sang ou de petites taches noires (comme si on avait secoué un stylo plume) nécessitent un examen approfondi de la chambre. Les lieux de prédilection des punaises se trouvent entre le matelas et le sommier, dans les coutures du matelas, mais aussi derrière les têtes de lit, les tableaux et autres éléments décoratifs, ainsi que dans les fissures et les fentes de plancher. Il ne faut pas non plus négliger, d'inspecter derrière le papier peint, les baguettes d'électricité, les tiroirs des tables de nuit. L'une des raisons qui expliquent leur prolifération tient au fait que dans les hôtels, on ne retourne plus aussi régulièrement les matelas. Or, cela permettrait de les détecter plus rapidement.
Bien nettoyer
"Si passer l'aspirateur dans toute la pièce et le premier moyen pour se débarrasser de ces punaises, il est insuffisant", rappelle l'entomologiste qui conseille en outre "de bien nettoyer l'aspirateur après usage et emballer soigneusement le sac avant de le jeter". La pratique du nettoyage à la vapeur de la pièce est efficace dans les recoins et fissures. Il convient de laver tous les tissus à au moins 60 °C. En dessous, la température ne tue pas les punaises de lit. Autre solution efficace, mettre les tissus dans le sèche-linge. En complément de ces opérations de nettoyage, il convient d'utiliser des insecticides appliqués par un professionnel.
Supprimer les passages et l'accès à la nourriture
Les souris ont une capacité de reproduction phénoménale : elles atteignent leur maturité sexuelle au bout de 5 à 7 semaines de vie, et elles peuvent avoir 10 portées de 5 souriceaux en moyenne par an. Les jeunes devenant à leur tour des reproducteurs, un couple initial peut donner vie à un millier de souriceaux en une seule année, s'il bénéficie d'un lieu tranquille pour faire son nid et de sources de nourriture. "D'où l'importance d'avoir affaire à des spécialistes pour maîtriser ce développement", rappelle Jean-Michel Micheaux. Parmi les moyens de lutte, il existe différents produits dont les anticoagulants de deuxième génération. La difficulté reste de poser l'appât sur le territoire de la souris, ce qui implique le diagnostic d'un professionnel pour mieux le localiser. Autre stratégie à mettre en place : rendre le milieu le moins accueillant possible. Cela consiste à supprimer les passages et faire disparaître les nids. Pas facile quand on sait qu'une souris peut se faufiler dans un orifice de 7 mm. Surtout, il faut supprimer toutes les sources d'accès à la nourriture, en ne laissant traîner aucun aliment, déchet ou poubelle ouverte la nuit. "Dans les restaurants, le ménage doit être fait le soir à la fermeture et ne pas attendre le lendemain matin, car les souris sortent la nuit pour manger", précise le vétérinaire.
Publié par Pascale CARBILLET
