Les hôteliers de Carcassonne balancent entre l'exaspération et le découragement face à la montée d'une concurrence particulièrement sensible dans la cité médiévale et aux alentours : la location d'hébergements sur Airbnb. "Ce site est devenu le deuxième hébergeur du carcassonnais", constate Hadrien Pujol, patron de l'Hôtel de la Cité, et président-fondateur du Club des hôteliers, qui réunit les deux tiers de l'offre de la ville.
Le professionnel a donc décidé d'alerter les pouvoirs publics sur le danger, chiffres à l'appui : "Il suffit d'aller internet pour constater que Airbnb représente déjà plus de 870 hébergements à Carcassonne, face aux 1 616 chambres des 34 hôtels recensés". Le site réunissant les locations des particuliers propose donc la moitié de la capacité d'accueil des professionnels, "mais sans les contraintes qui nous sont imposées", ajoute l'hôtelier.
Un manque à gagner pour les pouvoirs publics
De fait, cette concurrence met à mal des établissements déjà impactés par la crise. "Le segment des hôtels économiques est le plus touché, selon les études réalisés sur le sujet par le cabinet Deloitte, poursuit le président du Club hôtelier de Carcassonne, mais ce n'est pas le seul, puisqu'il est par exemple possible de louer un château pour 1 600 € par nuitée."
Quels sont les moyens de réagir des professionnels ? "Nous n'en avons pas, si ce n'est faire du lobbying pour mettre en garde la municipalité sur les conséquences de ce phénomène. Car ce paracommercialisme se traduit par un manque à gagner significatif pour les collectivités locales et les pouvoirs publics qui n'ont pas non plus la possibilité d'exiger le versement des taxes de séjours ni le paiement de la TVA." Sans oublier l'absence de garantie du consommateur, tant sur les réservations que sur des questions de sécurité. "C'est une situation d'autant plus mal vécue que nous sommes soumis à la pression des réglementations, alors que l'offre d'hébergement de Airbnb y échappe", déplore Hadrien Pujol.
Publié par Francis MATÉO