La neige, tombée en quantité l’hiver dernier, a redonné le moral aux professionnels de la montagne, qui avaient subi de plein fouet le manque de précipitations pendant trois saisons. Les investissements et les ouvertures vont donc bon train dans presque toutes les stations. Incontestablement, le plus gros investissement des Alpes sera cette année le Club Med Panorama Les Arcs 1600, avec plus de 93 M€. Après Samoëns l’an dernier, le groupe confirme ainsi sa volonté d’ouvrir un resort par an dans les Alpes. Le Club Med Panorama comptera plus de 1 050 lits pour 433 chambres et sera le plus grand resort des Alpes à ce jour. La station de Val d’Isère vise elle aussi les sommets, au propre comme au figuré, avec l’ouverture du refuge de Solaise. Culminant à 2 551 m d’altitude, il sera l’hôtel le plus haut de haut de France. L’établissement regroupe restauration, spa, salle de séminaire, et offre à ses clients un relatif isolement, puisqu’il n’est accessible qu’en télécabine.
Un coup de neuf
Vent de changement à Megève également, où plusieurs hôtels ont entrepris de très grosses rénovations avant l’hiver. Après plusieurs mois de travaux, Les Chalets du Mont d’Arbois rouvriront leurs portes cette saison. Ariane de Rothschild a confié la décoration à Thierry Curty, sous la direction artistique de Pierre-Yves Rochon. Alors qu’au Four Seasons Hôtel Megève, également propriété du Groupe Edmond de Rothschild, la décoration s’inscrit dans un style contemporain, le thème retenu pour les Chalets du Mont d’Arbois conservera le charme des chalets d’autrefois avec une pointe de modernité. L’investissement, de plus de 10 M€ à terme, permettra à l’établissement de rejoindre la marque Four Seasons. Dans le centre de Megève, un autre grand nom de la décoration, Sybille de Margerie, marque le renouveau de l’hôtel Le Cœur de Megève, repris par le groupe Steller. Après plusieurs mois de travaux, il rouvrira ses portes en décembre, passant de 3 à 4 étoiles. Côté restauration, L’Alpette, qui avait totalement brûlé, rouvrira ses portes pour l’hiver 2018-2019. Jean-François Gobertier, le repreneur, a confié la carte et les fourneaux au chef 2 étoiles Michelin Edouard Loubet.
Esprit de partage
Si la montée en gamme se poursuit dans les Alpes, un nouveau type d’hôtels attire toutes les clientèles, séduites par une ambiance festive et des espaces de vie pensés comme des points de ralliement. Aux Menuires, par exemple, le Groupe Temmos a ouvert le Kaya aux pieds des pistes. L’hôtel propose location de skis, espace exclusivement réservé aux enfants et des animations comme le goûter gourmand organisé au bar. Après le Refuge des aiglons, le Morgane, les Bossons à Chamonix et les Bruyères aux Menuires, Temmos affirme sa volonté de casser les codes de l’hôtellerie de montagne. “L’avenir repose sur une consommation qui se veut collaborative, dans un total esprit de partage”, explique d’Éric Baptista, à la tête du groupe depuis 2015. Autre exemple, La Folie douce, concept de cabaret et de restauration festive décliné sur les pistes de ski de plusieurs stations des pays de Savoie, qui innove en se lançant dans l’hôtellerie. Luc Reversade, son fondateur, s’est allié avec Guillaume Multrier (Hôtels Très Particuliers) pour reprendre l’ex-Club Med, ancien palace de la Belle Époque, à Chamonix. Entièrement rénové pour 18 M€, il proposera 250 chambres réparties en trois catégories. Cinq restaurants assureront la restauration. “Chacun sera libre de ses envies et de son budget”, explique Guillaume Multrier. De nouvelles ouvertures sont déjà programmées sur le même modèle. Sur le même concept collaboratif, Ho36 Hostels lance son deuxième établissement à la Plagne. “L’hôtel offre plusieurs possibilités de chambres, classiques ou partagées, de lofts et même de dortoirs, autour d’un restaurant et d’un bar aux dimensions généreuses, propices aux rencontres entre les guests et les habitants de la station”, explique Frank Delafon, cofondateur d’ho36 Hostels, qui compte poursuivre son développement.
La saison 2018-2019 se présente donc sous les meilleurs auspices. Seul paramètre incertain, l’or blanc, qui devra confirmer par sa présence l’essor des stations des Alpes du Nord.
Publié par Fleur Tari