L'individualisme a pris le pas sur le collectif. Les repas sont devenus de véritables casse-têtes dans les foyers. A chacun son assiette : free from, allergies diverses ou « religion alimentaire » à respecter. Chacun consomme comme il l'entend et attribue un sens différent à ce qui est ingéré, souvent motivé par des raisons de santé et des convictions morales (souffrance animale, respect du vivant).
Pour autant en matière de nourriture, l'hédonisme règne. La table reste une fête. Parler de nourriture est en soi un plaisir gourmand. La gastronomie Française est par ailleurs une fierté nationale, le symbole d'un art de vivre …
Notre société valorise également, et sans que cela soit contradictoire avec l'individualisme, les éléments propres à la rassurance. Le besoin de signes forts d'appartenance via la consommation de plats cuisinés traditionnels, dans les diners de réception entre amis ou en famille, est de plus en plus affirmé. La nostalgie d'une époque où le slow dominait, avec ses longues préparations et les cuissons lentes, plane sur les assiettes. Nostalgie dont le marketing fait écho, en proposant de redécouvrir des légumes oubliés ou les « recettes d'antan » par exemple.
Enfin la responsabilisation en matière alimentaire devient la règle. Le souci de réaliser moins de gaspillage (l'achat en vrac, le conditionnement par dose) témoigne de l'attention portée aux conséquences de sa consommation.
A la question « quels sont les aspects de la qualité des produits alimentaires auxquels vous êtes devenus plus sensible qu'il y a 5 ans », 58% des Français répondent le goût. En seconde position viennent les garanties de sécurité (49%) (ObSoCo, 2014).
Rassurés par les actions des acteurs de l'agroalimentaire en matière de sécurité, les consommateurs re-plébiscitent le goût. L'attention portée au goût est révélatrice d'une recherche active de sensations non standardisées, uniques. Les circuits courts ou l'origine d'aliments produits ou élevés en France ou en Région deviennent promesses de qualité. Le produit « terroir » permet d'afficher une appartenance, un parti pris. Il permet de se distinguer comme « bon » consommateur. D'autant que les attentes sur la qualité se couplent avec le désir citoyen de soutenir l'économie locale et de limiter (parfois) les dépenses de CO2.
L'époque est par ailleurs à la défiance. Défiance envers le « gros », le « grand » ; le « petit », le local, le proche, est paré de toutes les vertus. La défiance s'exprime également envers le marketing et la publicité qui deviennent synonymes de mensonge. La recherche de produits locaux ou de produits du terroir (la pépite) permet aux consommateurs de reprendre le pouvoir.
Enfin, une autre dimension ne doit pas être négligée. Il s'agit de celle, en vogue, de la « consommation de signes de déconsommation ». Le soutien aux AMAP, l'achat de paniers paysans, la consommation de vins bio, s'inscrivent dans ce besoin de consommer autrement, différemment, tout en affichant des valeurs profondes… ou moins.
Consommer en expert sachant déguster
Ainsi en est-il pour l'alimentation et la boisson. La dégustation « en expert » est le fruit d'un long apprentissage, d'une véritable montée en compétence culturelle, gustative, cérémoniale et lexicale.
Apprendre à déguster un vin nécessite de la rigueur, de la méthode, des connaissances techniques diverses. Dans le même ordre d'idées, devenir gastronome ne s'improvise pas. Les apprentissages sont à la source du bonheur de la dégustation.
(Source : ObSoCo)