Si la dynamique est favorable pour l’hôtellerie française, elle doit rester vigilante face aux défis, toujours plus nombreux, qui se dressent devant elle. C’est en substance le message qu’ont porté Olivier Petit, directeur général d’In Extenso Tourisme, Culture, Hôtellerie (TCH), et les intervenants de conférence annuelle organisée, le 7 février dernier, au Cnit de La Défense (Hauts-de-Seine), sur le thème ‘Rendement/risque : quelles stratégies ?’
L’année 2024 aura été celle d’un “atterrissage en douceur” pour le secteur, estime l'expert. Avec des Jeux olympiques et paralympiques sources de “fluctuations spectaculaires” en Île-de-France, l'hôtellerie parisienne n’a pas réussi à compenser les forts reculs post et pré-compétitions, contrairement aux hôtels des petites et grandes couronnes. La bonne dynamique sur la Côte d’Azur contraste, quant à elle, avec les performances en demi-teinte des autres régions françaises.
Des perspectives favorables pour 2025
La bonne fin d’année laisse toutefois augurer les premières retombées des JOP, notamment à Paris qui a bénéficié aussi de la réouverture de Notre-Dame. L’attractivité du segment haut de gamme et luxe se confirme presque partout en France, alors que la dynamique est plus contrastée sur le milieu de gamme selon les destinations, et que le segment économique voit son taux d’occupation reculer de 4 % sur l’année.
C’est pourquoi Olivier Petit reste confiant pour 2025, estimant que l’activité devrait légèrement progresser cette année grâce à un calendrier favorable (jours fériés et événement majeurs), surtout à Paris et sur la Côte d’Azur, alors que les résultats risquent d’être plus hétérogènes en régions.
In Extenso prévoit une progression des chiffres d’affaires hébergement de 4 % à Paris, de 2 % sur la Côte d’Azur, et de 1 à 2 % en régions, mais reste prudent : l’instabilité politique qui règne en France depuis la dissolution de l'Assemblée nationale, les incertitudes économiques et les difficultés rencontrées par les entreprises pourraient finir par impacter le secteur.
“L’hôtellerie, c’est un peu comme le disco”
Un constat partagé par Béatrice Guedj, directrice de la recherche et de l'innovation chez Swiss Life Asset Managers France, qui a détaillé de nombreux indicateurs concernant, entre autres, le tourisme et l’investissement en hôtellerie, en France et en Europe. Car l’Hexagone, longtemps leader en matière de fréquentation touristique et de recettes internationales, fait face à la concurrence de ses voisins. L’Espagne a enregistré de nouveaux records de recettes et de prix moyens, avec une offre hôtelière qui poursuit sa montée en gamme, et l’Italie est quasiment passée devant la France en matière de recettes.
Mais, convient-elle, le secteur continue d’attirer les investisseurs car il leur permet de diversifier leur portefeuille, dans une période où les autres marchés résistent moins bien. Et d’expliquer : “l’industrie de l’hôtellerie, c’est un peu comme le disco, c’est une philosophie de vie, Par moment, ça peut être tragique, mais le rythme l’emporte toujours”.
Et d’illustrer son propos en filant la métaphore musciale : après une période post-Covid, où le secteur a prouvé sa résilience façon “I will survive”, l’accélération des performances en 2022-2023 où il a montré qu’il était “Born to be alive”, et une année olympique en mode “We are the champions”, l’experte s’interroge pour 2025, citant Donna Summers : “Could it be magic ?”
Piliers de l’économie française, l’hôtellerie et le tourisme restent solides, assure Béatrice Guedj, mais le pays est pénalisé sur le marché de l’investissement par les mauvais résultats économiques, et une réglementation qui freine le développement de nouveaux projets. “Il faut absolument que les autorités accompagnent beaucoup plus le secteur”, alerte-t-elle, rappelant que les retombées touristiques irriguent l’ensemble du territoire. Ce qu’Olivier Petit résume, en conclusion de la conférence, en faisant résonner les hauts-parleurs de l'amphithéâtre du Cnit, avec un titre de France Gall dont le message ne peut être plus clair : “Résiste !”
Publié par Roselyne DOUILLET
