La Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’économie, Agnès Pannier-Runacher, a fait le point sur l'impact des grèves avec des représentants de l'Umih, du GNI, de la CPME, de l’U2P et des chambres consulaires en début de semaine. A Paris, qui reste la principale porte d’entrée des touristes étrangers dans l’Hexagone, il faut distinguer « l’avant et l’après jeudi 5 décembre » souligne le GNI qui livre ces premiers chiffres : « les hôteliers ont d’abord constaté une baisse des réservations, de l’ordre de 30%. Et ensuite, les annulations se sont multipliées par deux. Depuis l’annonce du prolongement des grèves et des nouvelles manifestations, le robinet des réservations s’est fermé mais le flux des annulations s’est accentué avec des moyennes de – 30 à – 40% ». La restauration parisienne n’échappe pas aux difficultés avec des baisses de fréquentation allant de -20% à -80% selon les emplacements, ni la catégorie luxe, hôtels et restaurants. « Pour les salariés, c’est aussi très compliqué, souligne Franck Trouet, directeur de la communication du GNI. Je pense à cette personne qui a pris son RER à 7 heures pour assurer son service à midi. Le semblant de transport minimum est instauré sur la base des horaires de bureau. Bien sûr, des établissements proposent de prendre en charge le taxi ou un Uber, ou de loger les personnes. Le système D ne peut toutefois pas durer longtemps. Les gens sont déjà fatigués. » Le président du groupe hôtelier Paris Inn Group, Jean-Bernard Falco, de nature habituellement optimisme, ne cache pas son inquiétude. « Le 5 décembre, nous avons accusé un perte globale de 30% de chiffre d’affaires. Nous avons, dans notre secteur professionnel, de moins en moins de visibilité. Et la situation actuelle est démultipliée. Nous n’avons aucune visibilité au-delà du prochain week-end avec cette date du 15 décembre, qui a été marquée l’an dernier par le pillage de l’Arc de Triomphe. Nous avions fait zéro chiffre. Aujourd’hui, les réservations sont au point mort. » Concernant ses équipes, « nous faisons tout pour trouver des solutions, nous proposons, par exemple, de les loger dans les hôtels mais ça ne plaît pas aux femmes de chambre qui ont des familles à s’occuper ». Serge Cachan, président du groupe familial indépendant Astotel (17 hôtels de 3 et 4 étoiles dans la capitale) constate lui aussi les effets désastreux sur l’activité. « Nous venons de vivre 8 jours d’annulations et d’arrêt des réservations, à laquelle s’ajoute l’image à nouveau catastrophique de Paris, qui reste encore marquées par les mouvements des Gilets Jaunes. La situation est très préoccupante. » Au sein de ses établissements, « nous essayons de faciliter la vie de nos employés en leur proposant les chambres disponibles. Nous avons jusque-là un taux de présence qui reste très élevé avec des équipes formidables qui font tout pour que l’accueil et l'activité soient assurés dans les meilleures conditions. 25% de notre personnel a dû se résoudre à abandonner momentanément son domicile. A titre personnel, j’ai aussi proposé les chambres disponibles aux commerçants voisins qui se trouvent eux aussi en grande difficulté ». Dans les grandes villes touchées par les grèves de transport et cortèges sociaux, les conséquences sont tout aussi inquiétantes.
Publié par Sylvie SOUBES
mardi 10 décembre 2019