Alors que l'Umih vient de dénoncer, devant l'Autorité de la concurrence, les pratiques abusives des centrales de réservation en ligne (OTA), le portail de réservation en direct Fairbooking poursuit son développement. Lancé par le Club Hôtelier nantais le 14 mai dernier pour contrer les pratiques des agences en ligne, il propose une autre forme de réservation. "Depuis trois ans que nous réfléchissions à ce projet, déclare Gilles Cibert, propriétaire de l'hôtel La Pérouse à Nantes, nous avons enfin trouvé le bon angle d'attaque. En effet, en nous appuyant sur un modèle similaire aux programmes de fidélité des hôteliers, avec un système d'offres promotionnelles pour les réservations sur Fairbooking, nous faisons partie des exceptions du système mis en place par les OTA", poursuit-il. En effet, dans les contrats des agences en ligne, les systèmes de fidélité sont les seuls à échapper à la loi de la parité tarifaire et aux conditions d'exclusivité.
"C'est une étude du cabinet Deloitte-in Extenso qui a mis le feu aux poudres, poursuit cet hôtelier passionné. L'étude montrait en effet que sur la période 2008 à 2012, alors que le chiffre d'affaires global de l'hôtellerie en France avait augmenté de 3,1 %, les commissions prélevées par les OTA avaient, elles, bondi de 30 % sur tout le territoire français. Et par ailleurs, si l'on excluait les hôtels parisiens et ceux de la Côte d'Azur, ces commissions augmentaient de 60 % alors que dans le même temps, le chiffre d'affaires de ces hôtels était en baisse de 7,7 % !" C'est dire l'état de dépendance de l'hôtellerie face à ces organismes. Pour les hôteliers nantais, cette mobilisation contre les OTA ne date d'ailleurs pas d'hier. Un premier projet reservationsendirect.com avait déjà fait parler de lui. Malheureusement, faute de moyens et sans la force de frappe des OTA dont les budgets marketing s'élèvent à plusieurs millions d'euros, le projet avait eu tendance à stagner. Cette fois, Fairbooking, dont le nom a été déposé, est un projet qui parle aux médias parce qu'il est grand public et qu'il est donc mieux reçu en général.
Un usage simple et rapide
Sous la forme d'un portail générique, Fairbooking dont le nom est facilement mémorisable pour le particulier est par ailleurs d'un usage simple (les hôtels sont positionnés sur une carte de France) et rapide. On peut faire un zoom sur la destination souhaitée qui affiche les hôtels existants avec leurs coordonnées ainsi que le site internet de l'hôtel et son téléphone, ce qui renvoie directement sur la réservation. Plus besoin d'intermédiaires. Le client est directement en contact avec l'hôtel et si c'est un client privilégié, (il a adhéré auparavant au club en s'inscrivant sur le site gratuitement), il bénéficie du bonus Fairbooking d'une valeur de 5 à 10 % du prix de la chambre. Le budget de ce portail, géré sous la forme associative est établi à partir des cotisations annuelles des adhérents (150 € par hôtel + 1 € par chambre) qui sont complétées par les subventions reçues des syndicats et CCI.
Toutefois, pour être efficace, et face aux géants que sont les OTA, Fairbooking a conscience que l'enjeu est national. Il faut donc convaincre à la fois les hôteliers d'adhérer mais aussi le grand public de jouer le jeu de ce type de réservation. Aussi, depuis son lancement, le club hôtelier ne cesse d'informer la presse grand public et plusieurs reportages en cours devraient être diffusés au cours de l'été. "Nous voulons faire partager nos valeurs qui sont des valeurs d'éthique et non des valeurs financières et expliquer aux consommateurs en quoi notre combat est le meilleur parce qu'il est aussi utile à l'économie des territoires. Fairbooking s'est inspiré du système Amap [lié au commerce équitable dans l'agriculture]. C'est un système de bons plans, les fameux cadeaux faits par les hôtels, associés à une bonne action [qui assure la pérennité des entreprises hôtelières]", poursuit l'hôtelier.
Après un démarrage en fanfare, relayé par tous les médias, Fairbooking a atteint et dépassé les 1 000 clients avec de bonnes perspectives comme l'assurance du soutien financier des chambres de commerce et l'appui technique d'un organisme public comme Atout France. Mais le message doit être encore renforcé pour que tout le monde se sente concerné, clients et hôteliers ensemble, unis dans le même combat. Gilles Cibert reste réaliste : "Notre objectif est, d'ici la fin de l'été, de stabiliser l'avancée du chiffre d'affaires réalisé avec les OTA, ce qui implique encore plus de mobilisation car nous sommes face à des géants aux pouvoirs surdimensionnés qui en temps de crise ont toutes les marges de manoeuvre, formant ainsi un cercle vicieux." Gilles Cibert, conscient de l'énormité de la tâche, ajoute : "Ils ne savaient pas que c'était impossible alors ils l'ont fait."
twitter : @fairbooking
Publié par X. S.
mercredi 10 juillet 2013