Il aura fallu près de trente ans à Julie et Philippe Farinelli pour mener à bien le rêve d’une vie : faire renaître le Hameau de Saparale, blotti dans la vallée sauvage et méconnue de l’Ortolo, au sud de la Corse.
L’histoire du lieu, à mi-chemin entre Sartène et Bonifacio, débute au milieu du XIXe siècle. Philippe de Rocca-Serra, avocat très fortuné, décide de produire de grands vins corses. Il fait construire un hameau pour héberger le personnel, et planter cent hectares de vignes. Succès à la clé. Mais le phylloxéra, le banditisme et la guerre finissent par ruiner le domaine, qui restera à l’abandon pendant plus de 70 ans.
En 1995, Philippe Farinelli hérite des vestiges de Saparale. Amoureux de cette vallée où il a passé son enfance, le jeune œnologue y replante 52 hectares en agriculture biologique. Après le domaine viticole labellisé Haute Qualité environnementale, Philippe et son épouse Julie s’attaquent à la rénovation des bâtiments dans le même esprit. “C’est un endroit incroyablement préservé. On s’est dit qu’on allait faire de l’œnotourisme de luxe, encore rare en Corse”, confie la maîtresse des lieux. Le patrimoine architectural est rénové avec des matériaux anciens ou locaux (par exemple, la terre du domaine pour les enduits à la chaux). Dès 2007, la première des trois bergeries est transformée en villa avec services hôteliers. “On a tout appris sur le tas”, admet celle qui s’est initialement formée en agriculture.
Jérémy Viven aux fourneaux
Après trois ans et demi de travaux, la maison de maître et ses dépendances accueillent aujourd’hui quatorze chambres et suites, avec leurs boiseries patinées et leurs objets chinés. Le restaurant Sopravigna s’est installé au-dessus du chai et sur la place du hameau. Son chef, Jérémy Viven, passé par le Domaine de Murtoli et le Grand Hôtel de Cala Rossa aux côtés de Pascal Cayeux, y propose une cuisine franco-méditerranéenne fidèle aux circuits courts et aux produits de saison, tandis que la carte des vins fait la part belle aux cuvées du domaine, aux grands flacons ou aux vignerons plus confidentiels.
Ici, la “clientèle d’épicuriens” peut profiter de la piscine, du pool-bar, d’un spa sauvage, de séjours de yoga en plein air, de randonnées à pied, à cheval ou à vélo… ou rejoindre en quinze minutes une crique sauvage. Un séjour authentiquement corse.
Publié par Violaine BRISSART
