Le Hameau Albert 1er célèbre 120 ans d'histoire hôtelière

Chamonix (74) La famille Carrier, cinquième génération aux commandes de l'établissement, a fêté cet anniversaire entourée des chefs étoilés des Alpes, de leurs amis et bien sûr de leurs salariés.  

Publié le 21 septembre 2023 à 11:50

Jusqu’au début du XXe siècle, Chamonix (Haute-Savoie) n’était qu’un endroit de passage, recherché par quelques aristocrates pour le spectacle de la haute montagne, et bien sûr par de grands alpinistes. Tout va changer en 1901, car la station inaugure le chemin de fer, qui désenclave la vallée. Chamonix connaît désormais deux saisons : l’été et l’hiver. La fréquentation va quadrupler en cinq ans. Il faut bien sûr loger tous ces touristes et leur proposer des hébergements. Joseph Carrier, déjà propriétaire d’une épicerie et d’un service de diligence, pense que l’avenir est dans le tourisme. Il achète avec son épouse, Clotilde, un terrain près de la gare terminus de Chamonix. Ils y ouvrent un hôtel de 50 chambres, La Pension du chemin de fer. Le succès est immédiat. L’établissement sera successivement rebaptisé Hôtel de Milan puis, en 1934, Albert 1er. Il faut dire que le roi de Belgique était un alpiniste et un client fidèle de la cuisine de Clotilde.

 

La route vers les étoiles

François-Joseph et Lydie, son épouse, seront la 2e génération aux commandes. Les têtes couronnées et les célébrités s’y pressent pour la bonne cuisine, le confort et l’accueil chaleureux. Les Jeux Olympiques de 1924 démocratiseront la station qui prend le nom de Chamonix-Mont-Blanc. Le tourisme hivernal vient d’être lancé. Des hôtels se construisent, accompagnant le développement économique de la vallée. Au fil des ans, la station prend une ampleur internationale. Chamonix est aujourd’hui le troisième site d’excursion au monde, après les chutes du Niagara et le Fuji-Yama. Après la Seconde Guerre mondiale, en cuisine, Marcel et Andrée, la troisième génération, prennent le relais aux fourneaux, et en 1962, agrandissent l’hôtel à l’occasion des championnats du monde de ski alpin. Ils obtiendront, en 1967, une première étoile au guide Michelin. Leur fils, Pierre, la quatrième génération de la famille, donnera ses lettres de noblesse gastronomique à l’établissement, qui s’appelle depuis 1996 Hameau Albert 1er.  Il obtiendra même une deuxième étoile en 1999.

 

Perrine, la cinquième génération

Aujourd’hui, la saga continue de plus belle, c’est Perrine, la fille de Pierre, issue de la 5e génération, qui est aux commandes. “Mon équipe m’a poussée à marquer mon engagement pour cette maison. Depuis quelques années et encore plus maintenant, je prends le relais. C’est une étape importante pour moi. Il est donc essentiel de fêter les 120 ans de la maison, avec tous ceux qui comptent pour nous.” C’est donc au Hameau Albert 1er que se sont retrouvés les familles d’hôteliers dont l’histoire se mêle à la réussite de la station. Des chefs étoilés, ayant eux aussi une tradition de transmission filiale, les ont rejoints, ainsi que quelques chefs d’Italie toute proche : la famille Meilleur, les Troisgros, les Santini, les Roulet, mais aussi Marc Veyrat, Jean-Pierre Jacob, Edouard Loubet et bien d’autres.

L’événement festif et gastronomique était l’occasion pour le chef Damien Leveau, 1 étoile Michelin à l’Albert 1er, de montrer ses plus belles recettes. C’était aussi le moment de remettre huit médailles du Travail.Nathalie Crestin, chef de réception, est restée 35 ans chez nous. Nathalie Bernos, 38 ans, le plongeur Tabibou Abdallah, est là depuis 44 ans… La réussite d’une maison comme la nôtre, c’est un peu la leur. Qu’une personne soit encore là dans 30 ans, ça n’existe plus. Je suis heureuse qu’ils soient présents pour la célébration des 120 ans.” Tous les médaillés ont déclaré leur attachement à la famille Carrier. Aujourd’hui, Perrine Carrier a endossé la responsabilité du Hameau Albert 1er avec passion. “Mes enfants sont fiers et conscients de l’énergie que je mets dans cette maison, qui me le rend au centuple.” Lucas, son fils ainé, 19 ans, travaille l’été dans la maison. Avec l’espoir, sait-on jamais, de voir éclore une sixième génération.



 


Publié par Fleur Tari



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