La crise sanitaire impose de nouveaux usages. De plus en plus d’hôtels, dont les chambres se sont vidées faute de voyageurs d’affaires, proposent désormais un service de coworking. “Les hôteliers sont en grande difficulté. C’est difficile pour eux d’investir en ce moment. Par opportunisme face à la crise sanitaire, certains se sont ouverts au coworking, mais sans grand succès en raison de conditions de travail inadaptées. Certes, la sécurité sanitaire est un argument, mais les entreprises ont besoin d’être autant rassurées par la sécurité informatique !”, explique Xavier de Mazenod, fondateur de Zevillage, un média sur les nouveaux modes de travail.
“Depuis juin dernier, 800 nouveaux hôtels nous ont rejoints, dont 150 en France. Notre activité s’exprime sous trois angles : les voyageurs, les loisirs avec des couples fidèles ou infidèles et la clientèle d’affaire”, explique David Lebée le fondateur de Dayuse. Cette plateforme spécialisée dans la location de chambre à la journée serait en croissance à deux chiffres en dépit d’une activité ‘voyageurs’ annihilée par le coronavirus. Le relais de croissance, c’est la demande de télétravail. “Nous avons gagné 40 % de nouveaux clients qui réservent pour des espaces de travail plus confortables. Nous avons ouvert avec nos partenaires de plus larges créneaux horaires avec des services additionnels comme pouvoir profiter de la piscine en fin de journée. Nous offrons une véritable expérience. De 50 € à 200 € la chambre pour travailler en journée avec des discounts de l’ordre de 30 à 75 % sur le prix de la nuit, nous séduisons tous les publics : le startuper sur du 3 étoiles, le cadre supérieur sur du 4 étoiles et le chef d’entreprise sur le 5 étoiles avec un salon pour recevoir ses clients. De grands groupes nous demandent des formules d’abonnements”, ajoute David Lebée.
“La demande est bien là”
Laurent Rozenbaum, directeur marketing du groupe Hôtels en ville, confirme : “Nous avons reboosté notre offre de coworking avec des créneaux horaires plus larges. On voit arriver cette clientèle de travailleurs nomades, souvent seuls, par Dayuse mais aussi en direct. Ces clients ont une demande de calme mais aussi de balcons et terrasses. Il faut aussi un bon service d’étages.”
“La demande est bien là, estime quant à lui Julien Humbert, directeur de l’hôtel les Jardins de la Villa (Paris, XVIIe). Au lendemain du confinement, j’ai vendu un salon de séminaire pour plusieurs mois à une société en télétravail. On perçoit bien la tendance mais elle est soumise au profil de l’hôtel. C’est possible quand on a beaucoup de chambres.”
“Ce n’est pas le coworking qui va sauver notre activité”
Pourtant, d’autres hôteliers ont tenté l’expérience mais ont vite déchanté. Cela a été le cas de Nathalie Heckel, directrice de l’hôtel du Jeu de Paume à Paris (IVe) : “Dès le mois de mars, j’ai tout tenté même de louer mes chambres en bureau. À part une ou deux siestes coquines en journée, je n’ai eu aucune demande de location de chambre pour travailler. Il faut dire qu’avec une table en demi-lune, un fauteuil peu ergonomique et un lit que nous ne pouvons pas extraire de la pièce, je doute que nous soyons adaptés à ce type d’offre.” Et l’hôtelière d’ajouter : “Ce n’est pas le coworking qui va sauver notre activité mais un vaccin !”
“L’histoire du coworking à l’hôtel, c’est un peu celle du wifi. Quinze ans en arrière, aucun hôtel n’était connecté. Aujourd’hui, ce serait inenvisageable. Dans dix ans, l’établissement qui n’aurait pas une offre pour les travailleurs nomades perdra des clients”, conclut Xavier de Mazenod.
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Publié par Francois PONT
mardi 27 octobre 2020