Je vous invite et ardemment, passionnément à créer une entreprise. J’invite tout le monde à faire ces expériences :
Expérimenter pendant quelques années ce qu’est la responsabilité de faire face à votre personnel, la régularisation de vos impôts (de toute nature, payés parfois en retard), le processus de sélection du personnel, l'investissement dans les équipements, l'infrastructure et le confort pour le lieu de travail. Celui de ses collaborateurs et le sien naturellement.
Apprendre à calculer la valeur d'une heure de travail, la valeur d’un salaire. À écouter les doléances et les demandes parfois insensées qui nous sont formulées quand elles ne sont pas incendiaires, voire injurieuses, au mieux parfois irrespectueuses.
Passer d'innombrables heures à faire des comptes. Passer d’innombrables heures à regarder sur son compte en banque sa trésorerie et appréhender le passage en négatif, être à découvert et de le garder pour soi tout au long de la journée pour ne pas effrayer celles et ceux qui nous entourent, ses collaborateurs comme ses proches le soir et d'enchainer sur ce qui suit. Passer des nuits, sans dormir, inquiet donc pour sa trésorerie, pour l’avenir de ses salariés, l’avenir des siens, son propre avenir.
Investir dans la formation du personnel, motiver et tirer le meilleur de chacun, avec des mots, des actions concrètes, avec respect et honnêteté mais également avec l'objectif d'être rentable, d'être bénéficiaire car cela serait malhonnête que de ne pas le dire ou l’écrire.
Rechercher la rentabilité mais pas à tout prix, privilégiant la pérennité, le mouvement, le dynamisme et le développement, actions qui sont bien souvent les priorités des entrepreneurs et dans cet ordre. Contrairement aux apparences, aux allégations ou aux méchancetés que nous encaissons parfois au plus profond de nous-mêmes sans ne rien dire et parfois en s’en allant n'étant plus dans la capacité d’absorber.
Investir dans le marketing, mettre un t-shirt et sortir dans la rue pour attirer des clients par exemple. Investir dans la digitalisation sans forcément comprendre l'intérêt immédiat que de le faire mais bien obligé pour rester en vie.
Essayer aussi d’accepter les critiques, se remettre en question, s’adapter au marché, aux clients et se frotter à la concurrence, à la compétitivité. Au benchmark. Ce fameux benchmark. Quand vous doutez de vous et quand vous hésitez vous-même... Envahi de doutes, il vous faut pourtant prendre une décision... Je le recommande vraiment. C'est un moment d’émotion puissant, un véritable régal.
Agir après avoir décidé. Agir c’est renoncer. Nécessairement. C’est l’heure ensuite d’assumer.
Tranches de vie
Je vous recommande également une autre bonne tranche de vie, ce sont vos rapports avec les banques, faire face à des besoins de trésorerie de plus en plus importants parfois pour payer les salaires en temps et en heure, les fournisseurs, les impôts et taxes mais aussi faire face aux échéances des prêts, avec parfois des banquiers compréhensifs, parfois moins et parfois pas du tout.
De rentrer chez vous le dernier jour du mois, et de retrouver les vôtres, de passer à table et de penser aux salaires que vous n'avez pas pu payer et que les vôtres vous disent alors « allo, Papa ou Maman, tu es là avec nous ou quoi » ?
Faites également l’expérience de regarder un employé droit dans les yeux et d'être dans l'obligation de le licencier en pensant à lui, à elle, aux siens à ce qu'il (qu'elle) vous a apporté.
Parler (de longues heures) avec les organisations syndicales sous prétexte absolu d’être digne et d’être à la tête d’une entreprise responsable.
Être à la hauteur des défis de la société qui doivent être relevés (économie durable, économie responsable, être vert, être vegan, être végétarien, être au top de la digitalisation).
Rentrer chez vous le soir, frustré par un projet, une idée ou une stratégie qui ne fonctionne pas, tout en essayant de laisser les soucis en dehors du domicile pour avoir ensuite une vie de famille normale quand cela est possible ce qui n’est pas donné à tout le monde surtout quand vous vivez avec celle ou celui qui œuvre de la même façon que vous à faire prospérer votre affaire, ou à assurer tout simplement la survie de son entreprise.
Malgré les déconvenues et de nombreux soucis, essayer de rester positif, ferme et déterminé en étant animé et en essayant de continuer à avancer avec un projet, l'entreprise...en restant la locomotive de votre entreprise, le leader incontestable et incontesté.
Réfléchir et devoir répondre à celui ou celle qui vous dit un matin, une après-midi ou en soirée « dis donc, tu n'as pas l'air en forme aujourd'hui ». Bah si, je viens de décrire ma vie d'entrepreneur mais tout va bien, rassure-toi, ça va le faire.
S’habituer à se réveiller à 3 h du matin sans raison apparente, mais avec la pensée sur un produit, une conversation, une tension en interne, dans l’équipe ou même trouver des solutions, des astuces pour éviter la faillite, prendre des risques.
Etre vu comme exploitant ! Être assimilé à ces patrons du CAC 40 qui partent avec des parachutes dorés, alors que cela ne vous arrivera jamais. Vous allez voir ce que c’est que d’être seul ou presque.
Très souvent, vous vous arrêtez, vous vous regardez, vous regardez à gauche, à droite, devant, derrière et vous vous apercevez que vous êtes seul même lorsque vous appartenez à un réseau, quel qu'il soit car vous ne vous ouvrez jamais totalement, n'est-ce pas ? Seul pour décider, pour choisir. Seul quand tout va mal... et très nombreux quand tout va bien.
Si vous réussissez et que votre entreprise est performante, ce qui est quand même un objectif (ne le cachons pas), alors il vous faudra distribuer de l’intéressement (normal) mais si vous échouez, vous perdrez votre maison, votre patrimoine, celui dont vous avez parfois hérité, vos cautions vous ruineront. Et bien sûr vous n’aurez pas le droit au chômage bien que vous y ayez cotisé toute votre vie.
J’invite toutes les personnes à se lancer, pour s'apercevoir finalement que le but de votre entreprise va bien au-delà que le simple fait de gagner de l'argent et que l’objectif de votre vie n’est pas aussi matériel qu’il en donne le sentiment. Parfois.
Et quand vous parlerez de vous, de votre vie, de votre expérience en tant qu’entrepreneur... rappelez-vous de tout ce qui s'est passé, quel a été ce chemin qui vous a amené là où vous êtes.
De ce chemin sinueux et difficile mais aussi de tous ces moments de bonheur que vous avez partagé avec les vôtres car il n’y a pas un entrepreneur qui ne considère pas un de ses collaborateurs comme un membre de sa famille. Ce n’est pas vrai.
Confucius disait que ce n'est pas le succès le plus important mais le chemin qui conduit au succès. Ne l’oubliez jamais.
Faites cette expérience un jour : créez votre entreprise. Créez un business. Nouveau ou pas.
Vous vous retrouverez un peu, beaucoup ou peut-être pas dans ce fil de vie mais je suis sûr que ce texte et ces tranches de vie vous parleront. Un peu ou beaucoup.
Nous sommes un auto-entrepreneur, une TPE, une PME, une ETI, un indépendant, un artisan, un commerçant, une profession libérale, un pigiste, un journaliste en free-lance, bref un(e) entrepreneur(e).
Vous savez, celles et ceux qui sont rarement écoutés en haut lieu (qui à 95% n'ont jamais créé une entreprise et qui donc ne peuvent pas, comme vous et comme moi comprendre ces tranches de vie) et qui pourtant représentent le tissu économique de notre pays et avons créé des millions d’emplois, responsables au quotidien de ces millions de salariés et avec un poids (pesant) que nous assumons parce que nous aimons notre vie, celle d'être
Entrepreneurs, hommes et femmes, Soyons fiers de ce que nous faisons au quotidien, faisons-nous entendre parce que nous créons et nous aimons créer. C’est ce qui nous anime. C’est ce qui nous fait vivre. C'est aussi ce qui fait vivre des millions de personnes. Soyons en fiers.
Il n’y a rien de plus beau que l’acte d’entreprendre.
Jean Bernard Falco #entreprendre# #tribune#