Un grand nombre de professionnels de l'hôtellerie de la Creuse envisagent de mettre la clé sous la porte ou de se reconvertir dans les prochains mois. Tel est l'enseignement de plusieurs études menées sur le terrain par les responsables syndicaux et les organismes consulaires, avec des chiffres pour l'instant certes imprécis mais qui vont cependant tous dans le même sens. Ainsi Didier Dez, patron de l'Hôtel du parc de Millevaches à Felletin, qui estime que 70 à 80 % de ses confrères du département vont être fragilisés, voire menacés de disparition.
À l'origine de ces craintes, les mises aux normes obligatoires que ce soit en matière de sécurité ou d'accessibilité. "Elles coûtent une fortune que tous n'auront pas les moyens de dépenser, résume t-il. Les subventions sont rares et difficiles à obtenir, alors que nous sommes confrontés à une réalité économique déjà difficile. Entre portes de chambres coupe-feu et aménagements pour personnes en situation de handicap, les dépenses sont prohibitives, ce qui pousse la plupart d'entre nous à demander des dérogations par ailleurs très aléatoires. Beaucoup d'entre nous rénovent depuis des années leur établissement pour le rendre attractif, mais ces mises aux normes obligatoires vont bien au delà de leurs possibilités de financement."
Analyse confirmée par Jérôme Charles, responsable du secteur hôtelier à la chambre de commerce de Guéret, qui s'est intéressé au problème dès la publication des nouveaux règlements. "Sur les 49 hôteliers inscrits au registre du commerce de la Creuse, près des deux tiers qui vont avoir de réels problèmes sur ce plan, détaille-t-il. Nous avons multiplié les réunions avec la Préfecture, les artisans, les organisations syndicales, les services de sécurité pour étudier le dossier. Nous avons sollicité un cabinet extérieur pour réaliser les audits indispensables à un prix attractif, ainsi que les études techniques. Un nombre conséquent de professionnels ne pourra pas suivre ou assumer, et seront obligés de fermer ou de faire autre chose. D'après nos derniers relevés et une enquête menée par le comité régional du tourisme du Limousin fin 2011, 27 % envisagent de mettre la clé sous la porte, 42 % n'ont pas les moyens de suivre. Beaucoup d'indépendants de petite catégorie songent à se transformer en chambres d'hôte, afin de survivre, en réduisant leur capacité d'accueil et en changeant de statut."
Plusieurs établissements réputés d'Aubusson, de Bénévent, de Guéret, de Bonnat, de La Courtine entre autres, se trouvent ainsi fragilisés.
Publié par Jean-Pierre GOURVEST