Transformer l’ancien hôpital Charial (22 000 m² et 8 hectares de terrain) en un tiers-lieu social et solidaire : tel est le défi relevé par Les Grandes Voisines, à Francheville (Rhône), pour une durée renouvelable de trois ans. Le Foyer Notre-Dame des Sans-Abri, la Fondation de l’Armée du Salut et Plateau Urbain (spécialiste des occupations temporaires) y accueillent un vaste centre d’hébergement d’urgence, des chantiers d’insertion (blanchisserie, maintenance, nettoyage), une quarantaine de porteurs de projets, une programmation culturelle variée et, cerise sur le gâteau, un hôtel, Le Grand Barnum. Cet établissement 3 étoiles emploie huit personnes en insertion, formées sur le tas par une gouvernante, Élodie da Rocha, et le directeur, Pascual Valentin. Une rareté dans le secteur de l’hôtellerie. “On ne délivre pas de titre professionnel, mais on remet des personnes sur le chemin de l’emploi. L’insertion, ça peut faire peur. Mais ce sont des gens comme vous et moi, qui ont eu un accident de vie. Il faut briser ce tabou”, juge Pascual Valentin.
Un hôtel laboratoire
Par ailleurs, Le Grand Barnum s’engage sur le chapitre environnemental. “À l’exception de la literie et des télévisions, tout le mobilier a été retapé par les chantiers d’insertion de l’Armée du Salut. Nous privilégions les produits bio et locaux au petit déjeuner, les produits d’entretien écolabellisés, le compost…”, énumère-t-il.
L’hôtel, dont les murs sont ornés de près de 600 œuvres, sert également de vitrine à une dizaine d’artistes hors-normes (autodidactes ou porteurs de troubles mentaux). “Cette galerie et le fait que nous soyons implantés dans un tiers-lieu attirent beaucoup de visiteurs extérieurs, ce qui a vite fait fonctionner le bouche-à-oreille”, reconnaît le directeur.
Six mois après sa création, ce “lieu d’hébergement pas pareil ” attire une clientèle d’affaires en semaine, mais aussi des touristes et des familles le week-end. Pascual Valentin s’avoue optimiste : “Nous sommes installés dans le même bâtiment qu’un centre d’hébergement d’urgence, ce qui peut en rebuter certains. Mais ce que l’on peut constater, c’est que l’état d’esprit, à savoir mélanger tout le monde, ne pose aucun problème. Ce lieu doit servir de vitrine. On veut montrer que ce projet peut être pérennisé, et même développé ailleurs.”
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Publié par Violaine BRISSART