Situé au 3e étage de la Cité radieuse à Marseille, l'Hôtel Le Corbusier et son restaurant, le Ventre de l'architecte, sont une plongée dans l'histoire que l'on doit à ses propriétaires, Dominique et Alban Gérardin. Le couple a mis tout son coeur à restaurer l'esprit du lieu : "Nous avons racheté en 2003 un fonds de commerce qui ressemblait plutôt à un hôtel de préfecture", se remémore Dominique Gérardin. Le lieu est traité dans "un esprit de restauration et non de rénovation", une nuance de taille, en effet. Dans les espaces créés par Fernand Bokobza, le couple redessine un bar dans le style qu'elle fait réaliser par un artisan local, chine les meubles d'époque, déniche une créatrice de mobilier, Mathilde Penicaud, qui réalise des tables comme dans le jus de l'époque. Ainsi a-t-elle repensé les chambres, toutes en parquets de chêne, avec du mobilier des années 1950, modèle Le Corbusier. Cet hôtel totalement atypique, est "design, mais on y trouve tout le confort", déclare la propriétaire. Dans les chambres, qui vont être refaites suite à l'incendie qui a ravagé la Cité radieuse le 9 février dernier, Dominique Gérardin a trouvé des idées originales, comme ce vitrail dans la chambre réservée aux personnes handicapées. Les prix varient de 70 à 139 € et "sont les mêmes toute l'année", assure Dominique Gérardin.
En cuisine, c'est Alexandre Mazzia qui crée l'événement. Arrivé en 2010 au Ventre de l'architecte, ce chef de 35 ans est passé chez Alain Passard ou Pierre Gagnaire, avant de s'engager auprès d'un milliardaire. "J'ai parcouru le monde avec lui, servi les personnages les plus haut placés, souvent dans des conditions de stress maximales", résume-t-il. Ce tourbillon de voyages finit par lui donner l'envie de se poser "Venir à la Cité radieuse est un choix de vie avec un double risque, confie-t-il. D'une part parce que la gastronomie ne fait pas partie du patrimoine marseillais- ici, nous n'avons qu'un seul 3 étoiles Michelin - et, d'autre part, parce que le lieu lui-même est atypique." Alexandre Mazzia bénéficie ici de la reconnaissance de ses pairs. Gérard Passedat l'a immédiatement intégré à son club Gourmediterranée, créé il y a trois mois, et qui réunit les plus grands chefs de la région. "Avant l'incendie nous faisions le plein trois jours par semaine, midi et soir", confie le chef. Le restaurant a été miraculeusement épargné par les flammes. Il n'en a pas été de même pour 12 chambres, qui restent encore fermées, mais qui devraient rouvrir d'ici deux mois.
Publié par Évelyne de Bast