Les murs en béton apparent
Il s’agit d’un mur d’une salle de séminaires. Vous avez bien vu, il n’y a pas de revêtement et c’est pareil dans les couloirs et dans les chambres. Il fallait oser. Sans parler du style street-art bien marqué. Le fondateur, Pierre-Mary Bachelet, a conçu un lieu de vie où l’art, les nouvelles technologies et la démarche éco-responsable se côtoient. Et ça matche avec les attentes d’une clientèle très diversifiée, locale, internationale, familiale (avec Disneyland Paris pas loin, qui représente 40 % du CA) mais aussi d’affaires, avec
le Parc international d’entreprises dans lequel l’hôtel est situé.
Ce qu’il faut retenir sur le béton bas carbone
- limite l’empreinte écologique du chantier ;
- permet de conserver la température, offrant une bonne inertie thermique et limitant les besoins en climatisation ou chauffage ;
- réduit significativement l’utilisation de peintures ;
- limite la propagation du bruit et assure un bon confort acoustique à l’intérieur ;
- est très résistant et facile à entretenir ;
- un seul revêtement limite la poussière ;
- les œuvres d’art, les fresques, les dessins habillent le béton.
Les chambres aménagées durables et équitables
Montons dans les chambres et saluons au passage l’architecte Aroldo Toffoni à qui l’on doit la décoration intérieure de l’hôtel. Avec cette volonté de sortir de ce qu’on a l’habitude de voir.
Les chambres et suites, de 21 à 120 m², comportent presque toute une cuisine. L’hôtel 4 étoiles comprend 250 chambres. Elles sont accessibles en “fast check-in”, sans passer par la réception, via un QR code. À noter qu’en cas de coupure internet, il y un deuxième opérateur internet, et même un troisième, satellitaire celui-là.

Ce qu’il faut retenir sur l’aménagement des chambres
- un mobilier en bois choisi pour ses qualités environnementales, provenant de l’entreprise EGGER, reconnue pour son fort engagement environnemental ;
- un linge bio et équitable. Le linge (26 tonnes) provient de l’entreprise Bardusch, qui a travaillé de concert avec Pierre-Mary Bachelet pour fournir un linge labellisé Fairtrade Max Havelaar et certifié bio. Une première mondiale ! Avec
un impact sur la planète (absence de pesticides et d’engrais chimiques) et sur les agriculteurs (prix d’achat équitable) ;
- une blanchisserie bas carbone (basses températures et enzymes), elle aussi Bardusch ;
- robinets bas débit ;
- détection des fenêtres ouvertes pour couper automatiquement la climatisation ;
- détection et destruction des punaises de lit grâce aux pieds de lit de l’entreprise Valpas (la réception de l’hôtel est prévenue en temps réel).
Le toit végétalisé
C’est le paradis des abeilles. Certaines fois, leur système de guidage se détériore (mes recherches sur le guidage n’y sont pour rien), et il faut prendre son courage à deux mains pour récupérer l’essaim quelque part.

Ce qu’il faut retenir du toit végétalisé
- baisse la température à l’intérieur du bâtiment ;
- capte le carbone ;
- pas de problème d’infiltration d’eau à noter ;
- avec les ruches et la récolte du miel, une belle animation pour les clients.
En redescendant, nous croisons le robot-laveur en sortant de l’ascenseur. Quelle fierté de voir qu’il tient son autonomie du wifi. Mon brevet avec George Antheil de 1941 a été la première étape menant à la transmission sécurisée et résistante aux brouillages. Si le robot-laveur communique avec l’ascenseur via le Cloud, c’est un peu grâce à moi !
Le robot-laveur et ses confrères
Pour Vincent Sitz, de RestHoDev, intervenant au Ki Space, “le but était de se dire qu’aujourd’hui on peut utiliser la technologie pour soulager nos équipes et retirer des tâches qui n’ont pas vraiment de valeur ajoutée ou d’attrait, qui ne sont que des contraintes. Cela permet justement aux employés de se concentrer sur ce qui peut être sympa, d’avoir plus de temps pour communiquer avec les clients. Il y a aussi un petit côté ludique, notamment avec les enfants, et cela permet aussi d’engager la discussion avec les clients.”
Si aujourd’hui les robots sont encore sur des roulettes, Pierre-Mary Bachelet ne doute pas que, demain, ils auront des bras et des jambes et feront partie intégrante du paysage.
Les caractéristiques du robot-laveur :
- il se recharge, se vidange et se réapprovisionne (soit en eau claire, soit en produits en dilution) sur sa base ;
- 8 heures d’autonomie ;
- le parcours est cartographié : une zone est délimitée, et à l’intérieur de celle-ci, des espaces de no go sont définis (les tapis par exemple). Le robot est capable de prendre l’ascenseur et d’ouvrir les portes ;
- ce qu’il reste à faire : changement de brosse en fonction du sol (béton ciré/moquette), nettoyage du filtre
et des brosses ;
- nécessite une demi-journée de formation ;
- demande une étape de programmation avec un prestataire robotique, ici la société ERM.
Ce qu’il faut retenir des robots
• Ils plaisent à la clientèle et aux équipes (c’est toujours bon à prendre vu les difficultés de recrutement et de fidélisation). D’après une enquête d’ABB Robotics d’avril 2025 aux États-Unis, sur 2000 répondants, 67 % souhaitent que les robots prennent en charge des tâches répétitives et désagréables.
- Pour Clément Fabre, le gouvernant général de l’hôtel, qui était très réfractaire au début, c’est un avantage indéniable pour laver les 2,5 km de couloirs, et cela permet aux équipes de s’occuper de tâches de nettoyage plus pointues.
- Pour les serveurs, après le temps d’adaptation nécessaire à ce nouvel assistant, ils apprécient le fait qu’il y ait moins de charges lourdes avec le robot-serveur (de la salle vers la plonge et du passe vers la salle).
- Pour la clientèle qui peut accéder à une offre bar 24 h/24, obtenir un room service en préservant l’intimité de la chambre, se faire masser par un robot-masseur pour éviter la promiscuité…
• Il leur arrive parfois de bugger :
le robot-barman dont le système de commandes est planté, le robot-laveur qui laisse des traces de saleté ou qui ne sait plus où il est alors qu’il est sensé monté aux étages, le robot-masseur qui se paralyse.
• Cette solution présente un coût initial élevé, mais qui est amorti sur le long terme.
Le spa et son parcours de douches
Le spa offre un parcours avec différents spots proposant musique, senteurs, couleurs et types de douches variées, permettant une progression sensorielle.

Les parkings, source d’électricité

Pas de toit végétalisé sur les parkings, mais des panneaux photovoltaïques. Une application permet de suivre la répartition entre la consommation qui provient du solaire et celle du réseau EDF. Selon la météo et la saison, le solaire couvre pratiquement tous les besoins de l’hôtel dès la fin de matinée. En cas de dépassement, le surplus est automatiquement revendu à EDF. En moyenne annuelle, c’est 40 % de la consommation totale qui est couverte par le solaire. Et à ce jour, pas de problème de fiabilité sur l’installation à noter. Des bornes de recharge sont présentes sur le parking. Des navettes permettent de limiter l’utilisation de la voiture individuelle pour relier la gare RER/TGV et le parc d’attractions.

Laissez-moi vous présenter le fondateur et son équipe, de droite à gauche : Pierre-Mary Bachelet, sa fille Alix et son compagnon Alex, Brahim Bouattane, directeur adjoint du Ki Space, Vanessa Rocchia, directrice, et Vincent Sitz, consultant, entourés des robots-serveur, laveur et room service.
Et avant de nous quitter, un message d’encouragement aux jeunes autodidactes comme moi. Il n’y a pas besoin de diplôme pour innover et réussir ! Au-delà d’avoir réussi son pari entrepreneurial, la plus grande fierté de Pierre-Mary Bachelet, c’est d’avoir monté le projet avec une équipe extrêmement soudé, sa femme, Florence, sa famille, des amis, des salariés fidèles, des prestaires et des fournisseurs qui sont devenus des amis. Bref, d’avoir impliqué, d’avoir persévéré pour transformer l’innovation en succès.
En conclusion, c’est toujours l’humain qui gagne
Quand on regarde les avis laissés par les clients, qui sont très positifs, ce ne sont pas les robots qui les marquent mais les qualités intrinsèques de l’hôtel, la gentillesse de tel barman, l’accueil, la propreté… “Nous aimons les gens et mettrons tout en œuvre pour qu’ils se sentent bien chez nous”, assure Pierre-Mary Bachelet. Mission réussie. Et qu’un hôtel propose des innovations ou pas, l’humain, c’est bien la première mission de l’hospitalité.
Publié par Olivier MILINAIRE
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