À 19 ans, assurée et réfléchie, Joanna Rosich alterne entre l'ICF Beìziers - CFA Languedoc-Roussillon et la Maison de Petit Pierre, le restaurant du chef Pierre Augé, à Béziers. La jeune apprentie savoure la Coupe européenne Georges Baptiste, qu'elle a remportée à Lisbonne en avril dernier dans la catégorie élèves. Le succès ne la change pas. "Je suis toujours restée comme je suis." Elle garde la même exigence envers elle-même. "Ce métier accentue mon côté carré, régulier et attentif." Elle avoue pourtant avoir choisi le service par défaut, pour échapper à l'ennui de la seconde, dans son lycée à Béziers. À l'annonce de cette orientation, ses parents tentent de la détourner de "ce métier dur aux horaires impossibles".
Elle insiste et décroche un contrat dans le restaurant de son village de Cruzy, le Terminus, une table gourmande tenue par Sébastien et Gaëlle Caille. L'alchimie fonctionne immédiatement : elle aime ce métier, trouve une deuxième famille dans l'équipe de cinq personnes. Elle réalise qu'elle ne veut pas aller en cuisine. Elle est dans son élément en salle. Elle s'épanouit dans le contact avec le client, se forme en travaillant, conseillée par un maître d'apprentissage attentif… un début heureux. Lorsqu'elle doit déménager à Béziers au bout d'un an, Sébastien Caille la met en contact avec Pierre Augé, chef propriétaire du restaurant le Petit Pierre. Elle s'intègre dans l'équipe de dix personnes avec le même bonheur.
Volonté et régularité
Elle prépare alors son premier concours. Elle remporte la coupe régionale Georges Baptiste puis enchaîne sur le national. Elle se prend vraiment au jeu au point d'en faire son but principal. Elle la gagne en mars 2012 à Marseille, avoue que cette victoire reste son souvenir le plus marquant. Elle poursuit l'entraînement pour la coupe européenne. Pendant les six mois précédents le concours, elle va tous les jours à l'école pour une préparation alternant théorie et pratique. Sa volonté et sa régularité mobilisent les soutiens. Pierre Augé, son épouse et l'équipe du restaurant s'organisent pour qu'elle fasse un seul service par jour pour lui dégager du temps.
Au CFA, son professeur de salle, M. Salvetat, l'entraîne, le professeur de cuisine lui prépare les plats pour pratiquer, le professeur de sommellerie la forme à la dégustation à l'aveugle. Un bon coaching pour Lisbonne. Elle se revoit, une fois le stress de la première épreuve passée, prendre un réel plaisir à enchaîner les épreuves. Quand elle reçoit cette coupe, elle associe à son succès l'équipe de son restaurant autant que l'entourage de son CFA, remercie aussi ses amis et sa famille, Daniel Galy, le président de la CCI de Béziers, M. Sirc de la société Valléro, son sponsor. Elle en garde une certitude : "Dans ce métier, ce qui est important, c'est le collectif !"
Les pieds sur terre, elle pense avant tout à sa prochaine étape, le bac professionnel dans un an. Elle ne veut pas trop se projeter, préfère rester dans le présent. Elle veut avancer petit à petit, continuer à apprendre ce métier fait pour "ceux qui pensent aux autres avant de penser à eux-mêmes. Quand on prend du plaisir à travailler, explique-t-elle, ça se voit dans l'attitude, les clients voient immédiatement que l'on a envie d'être là !" Ce métier qui forge la personnalité et apprend la patience. "C'est le plus difficile", avoue-t-elle. Elle insiste aussi sur les langues, indispensables dans le métier. Elle a passé l'épreuve européenne en anglais et continue à travailler pour l'améliorer. Fidèle à sa phrase préférée : "Quand on veut, on peut."
Publié par Anne Sophie Thérond
